31.03.2025

Événement

Visite spéciale avec…

Église Sainte-Gertrude

Ursula Kleefisch-Jobst est, avec Peter Köddermann et Karen Jung, commissaire de l’exposition “Fluch und Segen. Kirchen der Moderne” (du 09 septembre au 10 novembre 2019) du Musée d’architecture et d’ingénierie de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dans l’église St. Gertrud à Cologne.

BAUMEISTER : Quel a été l’élément déclencheur de l’exposition ?

URSULA KLEEFISCH-JOBST : Nous avons d’abord été préoccupés par la question de savoir comment nous gérions, en tant que société, le nombre croissant d’églises vides en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Nous avons constaté que les édifices religieux modernes sont plus souvent abandonnés lorsque plusieurs églises sont à disposition dans une communauté pastorale. Les paroisses ont tendance à continuer à utiliser une église néogothique comme église paroissiale plutôt qu’un bâtiment moderne. Une autre raison pour nous est que la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le long du Rhin et de la Ruhr, dispose de la plus grande densité au monde d’édifices religieux de style moderne. Une partie importante d’entre eux est d’une grande qualité architecturale et présente un décor artistique particulièrement précieux.

B : Le choix s’est également porté sur une église comme lieu d’exposition…

U K – J : Sainte Gertrude à Cologne a été construite de 1962 à 1965 d’après les plans de l’architecte Gottfried Böhm de Cologne. Il s’agit d’une église caractéristique de ce grand architecte ecclésiastique et typique du modernisme d’après-guerre. Actuellement, l’église est principalement utilisée pour des manifestations culturelles. Mais comme les services religieux continuent d’y être célébrés, même si ce n’est que rarement, toutes les pièces principales importantes conçues par Böhm sont encore présentes dans l’église. C’est également un aspect décisif pour l’exposition.

B : Comment avez-vous construit l’exposition ?

U K-J : Le fait que les communes aient plutôt tendance à conserver leur église historiciste et à abandonner celles de l’époque moderne est lié au fait que les églises du XIXe siècle incarnent généralement pour beaucoup de gens l’image traditionnelle d’un édifice religieux. Dans ces églises, ils se sentent chez eux. En revanche, les églises modernes – avec leurs multiples corps de bâtiment sculpturaux ou strictement cubiques, les matériaux quotidiens utilisés, leurs intérieurs crépusculaires ou éclatants de clarté et sans images – sont souvent difficiles à comprendre. Et leurs multiples niveaux de signification sont encore plus difficiles à comprendre. C’est précisément là que l’exposition intervient. Gertrud, un seul édifice religieux, est placé au centre de l’exposition, pars pro toto. Les visiteurs doivent d’abord l’expérimenter avec tous leurs sens et ensuite seulement la décrypter en fonction du contexte historique contemporain. L’espace de l’église est mis en scène par une installation lumineuse : Des éléments graphiques, de brèves explications et des citations seront projetés sur les murs. Ces impulsions doivent d’une part souligner la particularité de ces espaces et inciter les visiteurs à réfléchir à leurs propres expériences dans et avec l’espace. La crypte accueillera ensuite une deuxième partie de l’exposition, consacrée aux défis posés par la réaffectation des bâtiments religieux. Cette partie de l’exposition sera itinérante en 2020.

B : Environ 30 pour cent des quelque 6.000 églises chrétiennes de Rhénanie-du-Nord-Westphalie seront vides dans les années à venir. Vous associez à l’exposition le projet “Zukunft-Kirchen-Räume”. Avec quel objectif ?

U K-J : “Zukunft-Kirchen-Räume” est un projet de StadtBauKultur NRW en coopération avec la Chambre des architectes de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la Chambre des ingénieurs du bâtiment de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ainsi qu’avec le soutien des (archi)diocèses et des églises régionales de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de la RWTH Aachen. Il en résulte un site web sur lequel les paroisses, par exemple, trouvent une aide pratique lorsqu’elles doivent adapter la construction de leurs églises ou les “réutiliser” pour les préserver : des premières étapes importantes, du droit ecclésiastique et du droit de la construction aux interlocuteurs et aux exemples réussis, en passant par la conception du processus. En outre, à partir d’octobre 2019, plusieurs paroisses et autres acteurs bénéficieront d’un soutien technique pour l’élaboration d’un concept de réaffectation.

L’article est à lire dans l’ édition actuelle du Baumeister 09/2019.

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