Jardinage anarchiste
Chaque année, le deuxième dimanche de juin est consacré aux jardins : c’est la Journée des jardins. Quand on parle de jardin, on peut penser à tellement de choses. Du propre jardin devant la maison, d’un jardin ouvrier loué, d’un parterre communautaire ou d’un grand jardin, tout est imaginable. Toutes ces formes de jardin ont un point commun : la convivialité. Les jardins sont des lieux de rencontre. De plus, ils permettent d’établir un lien important avec la nature. Malgré cela,la culture allemande des jardins a étérelativement inefficace au 20e siècle, jamais assez forte pour façonner notre siècle en tant que forme d’art et force sociopolitique. Au 21e siècle, le jardin connaît cependant une renaissance. Et ce renversement de tendance ne se manifeste pas seulement dans la multitude de projets actuels d’urban gardening.
Hans von Trotha, journaliste, théoricien du jardinage et amateur de jardins, constate la renaissance du jardin. L’urban gardening est “un mouvement mondial qui exprime quelque chose sur le plan social par le biais du jardinage”, a-t-il déclaré récemment à Berlin lors d’un débat organisé par la Société allemande d’art des jardins et de la culture du paysage (DGGL). La génération des urban gardeners ne fait pas de différence entre le public et le privé en raison de son attitude d’économie de partage. On partage des voitures, des vélos, des appartements et des jardins.
Prenons par exemple le “Himmelbeet” à Berlin. Ce jardin communautaire urbain s’appelle ainsi parce qu’il s’installera bientôt sur le toit d’un gymnase en construction. Pour l’instant, des hipsters et des voisins turcs jardinent côte à côte sur le terrain à bâtir, au cœur du quartier défavorisé et en crise de Berlin-Wedding, avec l’aide experte d’une architecte paysagiste et d’une jardinière. Des plates-bandes luxuriantes, entre lesquelles se trouve un café chic, construit à peu de frais en bois de palettes. L’idylle des jardiniers fait oublier le bruit de la circulation et les soucis de la rue. Elle rayonne sur son voisinage immédiat.
Là-bas, la Leopoldplatz, dont l’architecture paysagère a été revue il y a trois ans, donne l’impression d’avoir été empruntée à un autre quartier branché et attire. Ici, les couches sociales se mélangent, du retraité berlinois à la jeune famille nucléaire en passant par les paroissiens africains. Ainsi, l’urban gardening, le jardinage anarchique qui prend d’assaut le cœur de nombreux citadins et les lieux en friche, apporte une force sociopolitique que l’on croyait perdue. Si l’on suit Hans von Trotha, en raison des deux guerres mondiales, la culture du jardin n’a pu jouer aucun rôle réel dans la progression de la société, dans le débat sur les valeurs et le changement, au cours du “20e siècle éloigné du jardin”.