10.03.2025

Architecture Événement Public

STRESSTEST : le pavillon allemand à la Biennale 2025

Image thermique de Munich 2024
©STRESSTEST
Photo : Gustav Goetze

En 2025, le monde de l’architecture aura à nouveau les yeux rivés sur Venise, où se tiendra la 19e exposition internationale d’architecture de la Biennale. Dans ce cadre, le pavillon allemand met en avant un thème qui pourrait difficilement être plus actuel : le stress thermique dans les espaces urbains. Sous le titre STRESSTEST, l’exposition ne se contente pas d’attirer l’attention sur la menace croissante du réchauffement climatique, mais appelle à un changement radical de la manière de penser l’urbanisme. L’équipe de curateurs – Nicola Borgmann, Elisabeth Endres, Gabriele G. Kiefer et Daniele Santucci – développe une mise en scène qui confronte physiquement et émotionnellement les visiteurs à la réalité des températures extrêmes.


Les îlots de chaleur urbains : Quand les villes deviennent inhabitables

Les effets du changement climatique ne sont plus un scénario d’avenir. La hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes et les périodes de sécheresse persistantes se manifestent de manière particulièrement drastique dans les zones urbaines. Les surfaces fortement imperméabilisées et les façades réfléchissantes renforcent ce que l’on appelle l’effet Urban Heat Island : les villes se réchauffent plus que leur périphérie, l’air ne se refroidit presque plus la nuit. Les conséquences pour la population sont graves – les vagues de chaleur entraînent des risques pour la santé, le nombre de décès dus à la chaleur augmente.

Face à ces évolutions, une question centrale se pose : comment aménager les villes de manière à ce qu’elles restent habitables malgré le changement climatique ? L’exposition STRESSTEST aborde cette problématique et démontre comment l’architecture et l’architecture paysagère peuvent faire partie de la solution.


Un pavillon comme expérience physique de stress et de soulagement

Le concept de l’exposition divise le pavillon allemand en deux zones opposées : STRESS et DESTRESS. Dans les salles STRESS, les visiteurs découvrent de près la réalité insupportable de la chaleur extrême. Il ne s’agit pas seulement d’informations, mais aussi d’une expérience immersive : l’atmosphère étouffante de ces salles rend physiquement perceptible le poids de la hausse des températures.

Les salles DESTRESS se situent à l’opposé. Les curateurs y présentent des contre-projets aux villes les plus stressées par la chaleur : des infrastructures vertes, des technologies de refroidissement intelligentes et une architecture adaptée au climat. Le message est clair – la planification urbaine ne doit plus être considérée comme une discipline purement fonctionnelle, mais doit devenir partie intégrante d’un écosystème urbain résistant et adaptable.


Le développement urbain piloté par les données, clé de l'adaptation au climat

Une planification urbaine durable ne peut fonctionner que sur la base de données solides. STRESSTEST montre comment les simulations numériques aident à analyser précisément l’évolution des températures dans les villes. La morphologie urbaine, le choix des matériaux et les interactions microclimatiques doivent être étudiés de manière ciblée afin de développer des mesures efficaces.

L’exposition appelle à une nouvelle compréhension de la planification : la politique, l’administration, l’industrie, la science et les citoyens doivent élaborer ensemble des stratégies viables pour l’avenir des villes. Les villes ne sont pas des entités statiques – elles doivent s’adapter aux défis du réchauffement climatique.


L'architecture comme tâche interdisciplinaire : une alliance entre nature, technologie et société

Le commissaire de la Biennale 2025, Carlo Ratti, place l’exposition sous le thème principal “Intelligen : Natural, Artificial, Collective”. Sa thèse : l’environnement construit est l’une des principales sources d’émissions mondiales de CO₂, mais aussi un levier central pour des changements durables. L’association de systèmes de connaissances naturels, artificiels et collectifs est à cet égard décisive. STRESSTEST intervient précisément à ce niveau et montre comment une collaboration interdisciplinaire peut déboucher sur de véritables solutions.

L’exposition montre clairement que l’aménagement urbain proche de la nature n’est plus une option, mais une nécessité.Les façades végétalisées, les matériaux qui retiennent l’eau et les technologies numériques sont les éléments constitutifs d’une ville résiliente au climat. Une approche qui va au-delà de l’architecture et qui intègre les aspects sociaux, économiques et environnementaux.


L'art comme signal d'alarme : l'installation de Christoph Brech

Outre les perspectives scientifiques et de planification, le pavillon allemand mise également sur la force de l’art. L’installation de Christoph Brech, créée spécialement pour l’exposition, illustre les incertitudes et les dynamiques d’un climat en mutation. Son travail mobile et filigrane enregistre des phénomènes atmosphériques et les traduit dans un langage visuel poétique. L’installation fait office de mémorial qui dépasse l’espace d’exposition et incite à la réflexion.


La durabilité comme principe de base de l'exposition

L’exposition elle-même suit les principes de la durabilité. Le pavillon fonctionne à l’énergie solaire et tous les matériaux utilisés sont destinés à une réutilisation définie. Les organisateurs envoient ainsi un signal clair : La durabilité ne doit pas seulement être discutée, elle doit être vécue.

Un appel à l’action

Avec STRESSTEST, le pavillon allemand ne livre pas seulement un diagnostic du problème climatique, mais aussi un appel à l’action. Les villes doivent changer de mentalité – maintenant. L’exposition lance un appel aux architectes, aux urbanistes et aux décideurs politiques, mais aussi au grand public. L’avenir urbain n’est pas un sujet abstrait, il concerne tout le monde.

La 19e Exposition internationale d’architecture de Venise offre une scène mondiale pour négocier ces questions urgentes. Le pavillon allemand l’utilise de manière conséquente – comme laboratoire pour un développement urbain conscient du climat, comme espace d’expérience pour les menaces du changement climatique et comme plateforme pour des solutions qui doivent avoir un impact au-delà de Venise.

L’écoute de ce message dépend en fin de compte des décideurs politiques et des planificateurs – et des citoyens eux-mêmes. Car sans une action résolue, la vie urbaine telle que nous la connaissons ne sera plus possible dans de nombreuses régions du monde.

Lisez aussi ce qui s’est passé à la Biennale en 2023.


Faits et chiffres de l'exposition

  • Événement : 19e Exposition internationale d’architecture – La Biennale di Venezia
  • Contribution : Pavillon allemand – STRESSTEST
  • Commissaires d’exposition : Nicola Borgmann, Elisabeth Endres, Gabriele G. Kiefer, Daniele Santucci
  • Lieu : Giardini della Biennale, Venise
  • Durée : 10 mai – 23 novembre 2025
  • Journées d’avant-première : 8 et 9 mai 2025
  • Inauguration du pavillon allemand : 9 mai 2025
  • Organisateur : Architekturgalerie München e.V. pour le compte du ministère fédéral du Logement, de l’Urbanisme et de la Construction
  • Site web : www.stresstest.world
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