02.04.2025

Salone del Mobile 2022 – Impressions

Photo : © Salone del Mobile.Milano / flickr

Photo : © Salone del Mobile.Milano / flickr

Sous le nom de “Supersalone”, le salon du meuble et du design le plus important du monde a eu lieu en 2021 avec un nouveau concept et une version nettement allégée. Pour savoir ce que le Salone del Mobile 2022 de Milan a à offrir, cliquez ici. Le rédacteur en chef Fabian Peters s’est rendu sur place pour nous.

Impressions du Salone 1 : le zen dans la salle de bains

Sebastian Herkner a conçu la série céramique “Zencha” pour Duravit. Nous l’avons rencontré pour une interview.

La liste des choses que Sebastian Herkner n’a pas encore conçues est de plus en plus courte. Le designer d’Offenbach, très occupé, peut désormais cocher un nouveau domaine d’activité : pour Duravit, il a conçu avec son équipe la série de céramique sanitaire “Zencha”. Les baignoires, lave-mains et miroirs de Herkner reposent sur la forme de base d’un carré aux angles arrondis. La baignoire et le lavabo s’incurvent doucement au-dessus du sol et se terminent vers le haut par un bord légèrement renflé.

Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit
Photo : Duravit

Herkner s’est inspiré pour son projet des récipients de la culture du thé japonaise. Ils trouvent leur modèle dans les bols à thé, dont le designer a transposé les formes dans la céramique sanitaire. Les baignoires et les vasques sont disponibles en quatre teintes. Sebastian Herkner a également conçu des meubles de salle de bains assortis, dont les formes simples révèlent leur parenté avec la menuiserie japonaise. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le designer nous a révélé l’effet qu’il recherchait avec son projet.

Impressions du Salone 2 : les lauréats du prix Pritzker à l’œuvre

Trois lauréats du prix d’architecture Pritzker présentent des travaux de design à Milan. Et par deux fois, les projets d’un pavillon Serpentine ont vu le jour.

La “Collection Peter Zumthor

Peter Zumthor a toujours conçu des meubles pour ses constructions. Mais comme ils n’ont jamais été produits en série, ces objets d’ameublement sont largement méconnus. Le fait que la marque japonaise “Time & Style” lance aujourd’hui toute une “Peter Zumthor Collection” sur le marché attire donc l’attention, même à Milan. La marque annonce qu’elle a reconstruit des projets de meubles issus de l’œuvre de Zumthor des 50 dernières années et qu’elle les produit désormais à l’aide de la technologie artisanale japonaise. C’est un peu exagéré, car le design le plus ancien date de 1996 : il s’agit d’une chaise longue magnifique, disponible en plusieurs versions, que le lauréat du prix Pritzker a créée pour ses célèbres thermes de Vals. Le projet repose sur une courbe délicate des lattes de bois qui composent la surface de couchage. La chaise longue est sans aucun doute le point fort de la collection. Time & Style a également édité différents petits meubles – des tabourets et des petites tables d’appoint créés pour le Serpentine Gallery Pavillon 2011, des petites tables en bois du musée Kolumba, un “tabouret pour dames” que Zumthor a créé pour ses nouveaux bureaux en 2005. Pour son atelier, il a également conçu un autre grand meuble – une simple table de travail en bois aux pieds ronds et puissants.

Table de travail Atelier Zumthor, fabricant : Time & Style, photo Fabian Peters
Table de travail Studio Zumthor, photo : Fabian Peters
Peter Zumthor collection, fabricant Time & Style, tabouret et table Serpentine, photo : Fabien Peters
Tabouret et table en serpentine, photo : Fabian Peters
Peter Zumthor collection, fabricant Time & Style, Valserliege type 1, photo : Fabien Peters
Valserliege type 1, photo : Fabian Peters

Série de mobilier de bureau “Principles” d’OMA pour UniFor

Le fabricant de mobilier de bureau UniFor présente pour la première fois à Milan la série d’ameublement de bureau “Principles” conçue par OMA. Comme les designs de Zumthor, il s’agit d’un “produit de rebut” issu d’un projet architectural – en l’occurrence le nouveau bâtiment de bureaux de la maison d’édition Axel Springer à Berlin, occupé l’avant-dernière année. L’immense bâtiment, avec ses milliers de postes de travail, redéfinit radicalement le thème de l'”open office” en plaçant les employés dans un immense paysage de terrasses. Comme le bâtiment est occupé par les marques les plus diverses du groupe, les surfaces de travail devaient être entièrement transformables. OMA a développé un mobilier qui joue avec les éléments circulaires et qui peut représenter une multitude de scénarios à l’aide d’éléments rapportés les plus divers. Les situations de lounge en font partie, tout comme les postes de travail isolés acoustiquement et les lieux de réunion plus ou moins informels. Au vocabulaire réduit des formes, OMA oppose une palette de couleurs calme mais variée. Principles est d’ailleurs présenté dans et devant le bâtiment très apprécié de la fondation Feltrinelli de Herzog & de Meuron.

Priciples d'OMA pour UniFor, Milan, Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Priciples d'OMA pour UniFor, Milan, Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Priciples d'OMA pour UniFor, Milan, Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Priciples d'OMA pour UniFor, Milan, Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

Herzog & de Meuron chez ClassiCon et Artemide

Le bureau d’architectes bâlois est également présent à Milan avec de nouveaux projets de produits, qui ne seront toutefois pas présentés sur les Fuorisalone de la ville, mais sur le site même du salon. Chez le label munichois ClassiCon, le petit meuble en liège “Corker” sera présenté. Ce projet, qui peut être utilisé comme table ou tabouret, rappelle un champignon ou même un bouchon de champagne et est disponible en trois tailles différentes. Il est lui aussi issu d’un projet, à savoir le Serpentine Pavilion, que Herzog & de Meuron ont construit en 2012 avec Ai Weiwei. Pour Artemide, qui était l’un des rares fabricants de luminaires à être présent sur le salon lui-même (ce n’est qu’en 2023 qu’aura lieu à nouveau Euroluce, intégré au Salone), les Suisses ont élargi leur gamme “Unterlinden”. Le lustre monumental “El Porís” est également nouveau. Pour le reste, c’est le groupe Bjarke Ingels qui a donné le ton chez Artemide. BIG est devenu en quelque sorte le designer maison du fabricant italien. La palette des créations de l’équipe de Jakob Lange, partenaire de BIG, va de la lampe de lecture filigrane “Vine Light” au lustre “Line Chandelier” qui occupe tout l’espace.

ClassiCon Corker, design : Herzog & de Meuron, Salone del Mobile 2022, photo : Fabien Peters
Corker, photo : Fabien Peters
Artemide El Porís, design : Herzog & de Meuron, Salone del Mobile 2022, photo : Fabian Peters
El Porís, photo : Fabian Peters

Impressions du Salone 3 : les anciens maîtres

Traditionnellement, à l’époque du Salone à Milan, on jette aussi un coup d’œil sur l’histoire du design.

Aldo Rossi. Design 1960-1997

Si l’année dernière, l’exposition du Museo MAXXI était principalement consacrée à l’œuvre architecturale d’Aldo Rossi, le Museo del Novecento se penche désormais sur Aldo Rossi en tant que designer. L’exposition, qui n’est pas très grande mais qui a été conçue avec beaucoup de soin, démontre de différentes manières les liens étroits entre les designs de Rossi et son architecture. Nombre de ses projets de produits semblent être des architectures réduites. De même, toute une série de ses constructions – on pense notamment au célèbre Teatro del Mondo – sont imaginables en miniature. Les deux domaines de création s’interpénètrent sans cesse. Une série de tapis tissés des années quatre-vingt, par exemple, devient une exposition de l’œuvre de Rossi, qui traduit ses dessins d’architecture en ornements. L’exposition de Milan met également en lumière les influences historiques sur le design d’Aldo Rossi, des Shakers à la Pittura Metafisica. Au bout de l’enfilade de salles, l’exposition change encore de perspective dans ce que l’on appelle la “biografia domestica” : l’installation, qui représente un capriccio des espaces de vie et de travail de Rossi, montre l’architecte non pas comme un créateur de design, mais comme un utilisateur de design.

Aldo Rossi. Design 1960-1997
Museo del Novecento
Piazza del Duomo 8
20123 Milan

jusqu’au 2 octobre 2022
www.museodelnovecento.org

Exposition Aldo Rossi. Design 1960-1997, Museo del Novecento Milan, 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Exposition Aldo Rossi. Design 1960-1997, Museo del Novecento Milan, 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Exposition Aldo Rossi. Design 1960-1997, Museo del Novecento Milan, 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Exposition Aldo Rossi. Design 1960-1997, Museo del Novecento Milan, 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

La Casa Lana d’Ettore Sottsass

Ce n’est pas une exposition mais une nouvelle installation permanente qui a ouvert la Triennale de Milan pour le Salone 2022. Dans la Sala Sottsass, le cœur de la “Casa Lana” a été reconstruit. Ettore Sottsass avait construit cette maison au milieu des années soixante pour son ami, l’imprimeur et lithographe Giovanni Lana, avec lequel il a également collaboré à plusieurs reprises. Le concept de l’espace de travail et d’habitation reconstruit dans les locaux de la Triennale est celui d’un espace dans l’espace. Dans les murs d’enceinte en pierre, Sottsass a placé une boîte en bois avec laquelle il a défini les zones de vie et de travail, ainsi que la salle à manger, le couloir et le vestiaire. Le centre de la conception est une niche en forme d’alcôve qui entoure les canapés et les étagères. C’est une petite œuvre d’art totale qui a été reconstruite à la Triennale. Les influences que Sottsass laisse transparaître ici vont de l’Art nouveau à l’orientalisme. Mais la Casa Lana prouve aussi que l’architecte Ettore Sottsass – contrairement au designer Ettore Sottsass – est encore trop méconnu.

Ettore Sottsass : Casa Lana, Triennale di Milano, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Ettore Sottsass : Casa Lana, Triennale di Milano, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Ettore Sottsass : Casa Lana, Triennale di Milano, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Ettore Sottsass : Casa Lana, Triennale di Milano, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

La chambre à coucher de la villa E.1027 d’Eileen Gray

La marque de meubles munichoise ClassiCon produit depuis longtemps déjà les créations de meubles de la designer et architecte irlandaise Eileen Gray (1878-1976). Nombre d’entre eux ont été créés pour sa maison de vacances E.1027, qu’elle a construite entre 1926 et 1929 sur la Côte d’Azur. La construction, qui vient d’être entièrement restaurée (lien), est l’une des plus importantes créations du modernisme d’avant-guerre en France. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs dirigée par Wilfried Wang, Peter Adam et Carolina Leite a tenté de reconstituer dans les moindres détails l’aménagement intérieur précurseur de la villa E.1027. L’un des résultats est une maquette à l’échelle 1:1 qui a été présentée dans le showroom de ClassiCon sur le Fuorisalone pendant le Salone del Mobile. Les meubles multifonctionnels et dotés de mécanismes raffinés de Gray y sont reproduits. Les chercheurs ont désormais pu reconstituer de nombreuses fonctions à l’aide de sources. La reconstitution des constructions sophistiquées souligne la position exceptionnelle de Gray dans l’architecture et le design du début de l’ère moderne.

Eileen Gray, E.1027 ; reconstruction chambre à coucher, ClassiCon Showroom Milano Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Eileen Gray, E.1027 ; reconstruction chambre à coucher, ClassiCon Showroom Milano Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters
Eileen Gray, E.1027 ; reconstruction chambre à coucher, ClassiCon Showroom Milano Fuorisalone 2022, photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

Impressions de la Biennale 4 : Konstantin Grcic

Konstantin Grcic se montre riche en facettes au Salone del Mobile 2022.

“Aka” pour Magis

Konstantin Grcic, sans doute le designer allemand le plus important de ces deux dernières décennies, a récemment présenté une vue d’ensemble de son travail au musée “Haus am Waldsee”. A cette occasion, Grcic, qui vit depuis quelques années dans la capitale, avait placé ses créations dans de nouveaux contextes, les avait mises en scène comme une sorte de “surdesign”. Lors du Salone del Mobile 2022, Grcic a présenté deux nouvelles créations qui poursuivent sa collaboration avec ses partenaires de longue date Magis et Plank.

Pour Magis, Grcic a développé “Aka”, une chaise à trois pieds en bois stratifié courbé. Trois languettes de bois reliées entre elles forment le dossier, l’assise et les pieds. Avec Aka, Grcic trouve une approche très personnelle du type de chaise en bois stratifié déjà maintes fois décliné. Magis propose cette création en trois couleurs – ton bois, vert pétrole et noir.

“Bench” pour Plank

Le fabricant de meubles du Tyrol du Sud Plank a présenté au salon la série “Bench” qui, contrairement à ce que son nom laisse supposer, ne se compose pas seulement d’un banc, mais aussi d’une table, disponible en quatre versions différentes. Le banc et la table sont constitués de panneaux de bois massifs de même épaisseur, reliés entre eux de manière invisible. La véritable innovation de Bench réside dans ce système d’assemblage qui permet de démonter et d’assembler les trois éléments du banc et de la table sans l’aide d’outils. Les quatre versions de la table se distinguent par la position et la largeur des deux joues. Elles peuvent être placées à fleur de tête du plateau, en retrait d’un côté ou des deux.

Photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

Design de stand pour Mattiazzi

Le travail le plus remarquable que Grcic présente au Salone del Mobile n’est toutefois pas un meuble, mais sa conception du stand d’exposition du fabricant de meubles italien Mattiazzi. Depuis cette année, Grcic assume la fonction de directeur artistique pour le label. Alors qu’ailleurs, dans les halls d’exposition, la mise en scène pompeuse fête ses débuts après la pause forcée et les limitations du Supersalone 2021, Grcic obtient un effet avec des moyens très économiques. Le cadre est constitué d’une construction murale composée de cadres en contreplaqué sobres et non peints. Ils portent des images grand format du photographe Florian Böhn, qui montrent au dos du stand des vues dans les ateliers de Mattiazzi. Le stand prend ainsi une ampleur visuelle surprenante. Sur des panneaux qui isolent partiellement le stand du couloir adjacent, des impressions architecturales sont en revanche apposées, qui doivent ôter aux meubles placés devant sur de simples estrades leur caractère d’objet. Les quelques matériaux du stand peuvent facilement être réintroduits dans le cycle des matériaux. Ou bien, comme dans le cas des grandes armoires en bois qui servent également de séparateurs d’espace, ils peuvent tout simplement être placés ailleurs.

“Palatin” pour Kettal

Le projet de Grcic le plus inhabituel sur le salon est peut-être le parasol “Palatin”, que le designer a développé pour Kettal. Le parasol a une forme carrée et est tendu par quatre bras. À l’endroit où le mât traverse le parasol à la pointe, Grcic a découpé un petit skylight dans le textile, qui assure la lumière et la circulation de l’air.

Photo : Fabian Peters
Photo : Fabian Peters

“Wall” et “Daybed” pour Giustini/Stagetti

Pour la galerie romaine Giustini/Stagetti, pour laquelle il avait déjà créé le projet Magliana en 2017, Grcic a conçu les deux meubles d’art “Wall” et “Daybed”. Si le béton était au centre des préoccupations il y a cinq ans, les deux nouvelles créations sont des œuvres en bois. Daybed est une chaise longue rembourrée entourée sur deux côtés par des parois en bois à mi-hauteur. Elle repose sur une surface en bois qui délimite un espace fragmenté sur un troisième côté. Avec cet objet, Grcic développe des idées qu’il avait déjà évoquées en 2016 avec la série de cellules d’assise “Hieronimus”. L’armoire murale “Wall” est en revanche un meuble à étagères emblématique, dont la répartition pose à l’observateur la question de savoir si les étagères de formes différentes ont réellement une finalité. On a tendance à penser que toutes ces prétendues étagères et possibilités de rangement ne représentent pas en réalité un relief abstrait et sans fonction. Le mur simule l’utilité, comme un SUV le tout-terrain ou une basket à la mode l’athlétisme.

Photo : Jasmin Jouhar
Photo : Jasmin Jouhar

Après l’annulation du Salone del Mobile de Milan en avril 2020 en raison d’une pandémie, le salon du meuble et du design le plus important du monde a eu lieu en septembre 2021 – sous forme allégée de “Supersalone”. Lisez ici ce que le concept du Salone del Mobile 2021 avait à offrir : Salone del Mobile 2021. Quelles étaient les nouveautés ? Vous le saurez ici : Supersalone 2021. Le “Fuori Salone”, le salon en dehors du Salone del Mobile, a été plus important que jamais l’année dernière. Nous vous dévoilons ici ce qu’il y avait à découvrir en dehors des halls du salon : Fuori Salone 2021.

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