03.03.2025

Architecture Public

Saint-Denis Pleyel à Paris par Kengo Kuma

La station Saint Denis Pleyel de Kengo Kuma. © Kengo Kuma & Associés - Photographie de Michel Denancé

Kengo Kuma apporte un message fort à Paris : il conçoit une gare de métro caractérisée par l’esthétique naturelle du bois, et non par les matériaux froids typiques que sont le béton et l’acier.

La station de métro Saint Denis Pleyel surprend par sa façade lumineuse en bois et en verre, qui est tout à fait en accord avec la philosophie architecturale de Kengo Kuma, qui consiste à fondre les structures dans leur environnement. Les lamelles créent un jeu d’ombre et de lumière. Il en résulte d’une part une texture visuelle dynamique. D’autre part, le matériau naturel combiné au design minimaliste donne une impression de simplicité et de calme, caractéristiques de l’esthétique japonaise.


Tradition et modernité

En raison de sa beauté naturelle et de sa capacité d’adaptation, le bois est souvent utilisé dans l’architecture traditionnelle japonaise. Le projet de la façade de la station de métro évoque les parapluies shoji et les lattes de bois que l’on trouve dans les maisons traditionnelles japonaises et qui servent souvent à filtrer la lumière et à créer un sentiment d’intimité tout en conservant l’ouverture. En appliquant ce principe à un bâtiment urbain contemporain, Kengo Kuma jette un pont entre les éléments architecturaux traditionnels et modernes. La conception allie une résonance culturelle à une apparence fonctionnelle de la gare.


Partie intégrante de la vie urbaine

En outre, le bureau d’architectes japonais fait une déclaration en faveur du design durable en utilisant des lamelles de bois. Cela reflète l’engagement pour des matériaux naturels qui restent élégants en vieillissant et qui relient les formes construites à leur environnement. Ce choix renforce l’identité de la gare en tant que lieu qui ne sert pas seulement au transport, mais fait également partie intégrante du paysage urbain et culturel. L’ensemble de la façade a été réalisé par l’entreprise de construction de façades FRENER & REIFER de Bressanone.

Kengo Kuma & Associates - Photographie de Michel Denancé
Le bois est disposé sur les façades sous forme de lamelles verticales. Elles forment un filtre et jouent avec les variations de la lumière naturelle au cours de la journée.
Kengo Kuma & Associates - Photographie de Michel Denancé
Un ensemble de rampes est mis en place pour relier les différents niveaux de la gare.
Kengo Kuma & Associates - Photographie de Michel Denancé
Un motif progressif, allant de bas en haut, accompagne les flux ascendants et descendants, soulignant la verticalité de l'espace et l'appel du ciel et de la lumière.
Kengo Kuma & Associates - Photographie de Michel Denancé
Élément essentiel de l'architecture du bâtiment, le vide central structure le bâtiment tout en étant constitué d'éléments immatériels : l'air, les flux des voyageurs et la lumière.

La gare comme lieu esthétique et social

De plus, les toits de la station de métro donnent naissance à un parc de plusieurs étages. Le bâtiment de la gare joue ainsi un autre rôle : il ne s’agit plus seulement de transport. En effet, le nouveau parc, en tant qu’espace public, peut également être utilisé par des personnes qui n’ont pas du tout l’intention d’utiliser le métro. De plus, le parc relie, comme un pont, les deux parties de la commune qui étaient jusqu’à présent séparées par la ligne de chemin de fer principale venant du nord de la France. Une rampe permet d’accéder aux différents niveaux de l’espace vert.


Structure dynamique

Au total, le bâtiment se compose de 9 niveaux. La hauteur en surface est de 35 mètres. Les quais se trouvent à 28 mètres sous terre et relient quatre lignes de métro – 14, 15, 16 et 17. Sur les neuf niveaux de la gare au total, quatre sont souterrains. Le troisième niveau souterrain abrite la plateforme d’échange. Pour relier les différents niveaux, il y aura 56 escaliers roulants. Cette structure dynamique est conçue pour accueillir 250.000 passagers par jour.


Équipe d'art et d'architecture

L’esthétique de l’enveloppe du bâtiment se poursuit de manière conséquente à l’intérieur de la station. Des planches de bois sur les murs et les plafonds créent une atmosphère chaleureuse et accueillante. Le cœur de la station est un atrium de 30 mètres de profondeur avec un toit en verre par lequel la lumière naturelle pénètre dans les espaces souterrains. Dans l’atrium, une installation de 108 Vénus de l’artiste française Prune Nourry surveillera et accompagnera l’intérieur de la gare à partir de 2026. Le concept du Grand Paris Express prévoit en effet que chacune des 68 gares soit conçue par des équipes françaises et internationales d’architectes et d’artistes.

Kengo Kuma
Axonométrie
Kengo Kuma
Plan de situation
Kengo Kuma
Coupe transversale
Kengo Kuma
Coupe longitudinale

Des sculptures pour la gare

Actuellement, l’œuvre pour la station Saint Denis Pleyel “Les Vénus dionysiennes” est encore en cours de réalisation dans l’atelier de l’artiste. Les figures d’1,70 m sont réalisées avec des terres de différentes couleurs dans 14 teintes allant du noir à l’ocre, en passant par le rouge, le brun et le blanc. Elles rendent chaque sculpture unique et attirent l’attention sur la diversité de la région. Elles sont suspendues sur toute la hauteur de l’atrium de la station à l’aide de fixations métalliques discrètes. Les illustrations de Sergio Garcia Sanchez ornent déjà les quais de la station.


Projet du Grand Paris : le plus grand projet d'infrastructure d'Europe

La gare Saint Denis Pleyel est considérée comme le phare du projet du Grand Paris et constitue le nœud nord du nouveau réseau de métro. Le projet a été lancé en 2007 dans le but de réduire la surpopulation et la dégradation de l’environnement dans le centre de Paris grâce à un nouveau réseau de métro circulaire. Il poursuit l’objectif ambitieux de continuer à libérer la ville du trafic individuel et de désengorger en outre les autres lignes très fréquentées. Au total, 68 nouvelles gares seront construites. D’ici 2030, l’agglomération parisienne sera dotée d’un système de métro sans conducteur, le “VAL” (Véhicule Automatique Léger), avec le Grand Paris Express. La ligne circulaire crée de nouvelles liaisons entre la banlieue et le centre, et permet d’autre part des liaisons entre les quartiers périphériques. On peut désormais atteindre des lieux en périphérie sans devoir traverser le centre-ville.


Repenser le transport

Quatre nouvelles lignes de métro sans conducteur permettent de desservir la région parisienne sur 200 kilomètres. Ce projet d’infrastructure, le plus important d’Europe à l’heure actuelle, est à l’origine d’un nouveau développement urbain et de vastes projets résidentiels et commerciaux. La ligne 14, qui va être étendue, était déjà en service depuis 1998 en tant que premier métro sans conducteur à Paris, et la ligne 11 déjà existante sera également intégrée. Les lignes 15 à 18 sont nouvelles et la plupart des lignes seront souterraines. La gare Saint-Denis Pleyel est considérée comme l’emblème du projet du Grand Paris. Elle représente la mise en œuvre de l’une des promesses centrales du projet du Grand Paris, à savoir repenser les transports, et a été inaugurée après six ans de travaux.

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