07.04.2025

Projet

Le cœur du jardin public

Le jardin public de Zoug, achevé en automne 2013, montre ce qu’il a dans le ventre : un parking souterrain. Autrefois cachés sous de la terre accumulée, le bureau d’architecture paysagère Planetage avec Thomas Volprecht (Büro Planwirtschaft) et Ramser Schmid Architekten, tous de Zurich, ont mis à jour certaines parties de l’ouvrage dans le cadre d’un réaménagement.

Jardin public de Zoug. Photo : Guido Baselgia
Jardin public de Zoug. Photo : Guido Baselgia
Jardin public de Zoug. Photo : Ralph Feiner
Jardin public de Zoug. Photo : Guido Baselgia
Jardin public de Zoug. Photo : Guido Baselgia
Jardin public de Zoug. Photo : Guido Baselgia
Jardin public de Zoug
Jardin public de Zoug

La réaffectation du bâtiment de l’arsenal en salle de lecture de la bibliothèque municipale et en tribunal supérieur du canton a été le point de départ, en 2010, d’un concours pour l’aménagement des surfaces adjacentes. Une fois terminé, un joyau aux usages multiples et richement arboré a vu le jour au centre-ville de Zoug, en Suisse, à 20 kilomètres au sud de Zurich. Le concours demandait de tenir compte d’axes historiques importants, de relier le jardin municipal aux espaces libres urbains et de relier la partie -ancienne de la bibliothèque municipale à la salle de lecture nouvellement créée dans l’arsenal. Il a été particulièrement délicat d’intégrer dans la conception le parking souterrain datant des années 70 et la pente du terrain – qui n’est pas atypique en Suisse.

Le matériau entre tradition et identité

Avec son concept “Intarsia – Hangkante – Hangband”, l’équipe de concepteurs a non seulement intégré le parking souterrain après sa rénovation, mais l’a également utilisé comme élément central du parc. Les différences de hauteur ont permis de créer des lieux pour différents groupes d’utilisateurs dans ce petit jardin urbain. Les matériaux principalement utilisés, à savoir les pavés et l’asphalte, s’inspirent des motifs de la vieille ville et des environs. Seule exception : les lattes de bois avec lesquelles les concepteurs ont recouvert les murs du parking souterrain mis à nu et le pavillon érigé au-dessus. La question de savoir si le bois devait être utilisé comme matériau atypique pour la vieille ville de Zoug a fait l’objet de discussions controversées. Finalement, l’équipe de planification a convaincu les critiques en affirmant qu’il s’agissait d’un élément important du concept et de l’aménagement. Dans le projet, le bois est également symbolique de la durée de vie du parking souterrain qu’il recouvre : “Durable, mais pas éternel”, explique Marceline Hauri du bureau Planetage.

Fidèle au slogan du concours “haut / bas”, un parc sur trois niveaux a été créé :

Au niveau supérieur, une place s’étend entre la salle de lecture de la bibliothèque, la structure de l’ascenseur sur le parking souterrain et l’ancien mur de la ville. L’ancien terrain de manœuvre est devenu l’avant-scène de la salle de lecture : les visiteurs peuvent s’allonger et lire à l’air libre sur du gazon, ils ont une vue magnifique sur la vieille ville depuis un plan d’eau, une surface asphaltée adjacente est équipée de tables et de chaises. La pelouse et un bassin d’eau densément planté d’iris et de joncs, éclairé la nuit, sont disposés dans la surface comme des incrustations. Il est alimenté par l’eau du versant qui s’accumule sur le mur du parking souterrain. Après avoir été acheminée par une canalisation vers un réservoir souterrain, l’eau collectée refait surface dans le nouveau bassin à une température de neuf degrés Celsius. Pour des raisons de sécurité, l’eau n’atteint que dix centimètres de hauteur dans le bassin de 50 centimètres de profondeur. Alors que dans l’obscurité, l’éclairage d’ambiance de la salle de lecture scintille discrètement en arrière-plan, quatre lampadaires éclairent la place.

Technique et béton derrière des lamelles de bois

Le “Belvédère” offre également une belle vue sur la vieille ville. En montant quelques marches depuis la Zeughausplatz, c’est un tout autre lieu qui se dévoile : sous un toit évasé se trouve une place avec des chaises qui se déplacent librement. Derrière les parois horizontales recouvertes de lattes de pin d’un pavillon situé sur le parking souterrain se cachent la structure de l’ascenseur et la centrale de ventilation. Pour que les lattes de bois durent longtemps, elles ont été traitées avec le procédé “Akoia”, qui ne présente aucun risque pour l’environnement. Dans la partie inférieure, le revêtement en bois présente une découpe en forme de losange qui s’estompe vers le haut et se transforme en éléments à coupe droite. Cela vise à empêcher les jeunes enfants de grimper sur le mur. Pour les enfants plus âgés, on mise sur la responsabilité individuelle. Le lattis joue également un rôle important dans l’atmosphère du jardin public de Zoug : outre son aspect visuel, il agit en laissant passer la lumière du jour à travers les espaces créés dans le toit du pavillon, créant ainsi un charmant motif d’ombre sur une vitre opaque située en dessous. La place du Belvédère est accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à une rampe. Et elle est prédestinée à la lecture, car le revêtement de chemin lié par l’eau et saupoudré de sable absorbe bien les bruits.

Roses et plantes vivaces derrière des haies d’ifs

Sur le bord de la pente, le socle en béton du parking souterrain datant des années 70 est dissimulé derrière un “rideau” de lamelles de bois verticales. En même temps, les lattes forment une clôture qui sert de protection contre les chutes et qui est discrètement éclairée par le bas.

Le “Hangband” s’étend sur le niveau inférieur. Des jardins de plantes vivaces luxuriantes, bordés de haies d’ifs, avec des roses comme plantes maîtresses, rappellent les anciens jardins urbains à la périphérie de la ville.
à la périphérie de la vieille ville. Des petits murs en béton comblent les différences de niveau et délimitent l’accès au parking souterrain. Afin de limiter dès le départ la prolifération des mauvaises herbes et de réduire les coûts d’entretien, le bureau Planetage a fait planter les plantes vivaces de manière très dense. En s’inspirant des revêtements traditionnels de la vieille ville, les chemins piétonniers sont constitués de Guberstein 8/11, un grès quartzeux suisse, posé en forme d’arc.

Comme le parking souterrain devait être rénové en profondeur et que son socle devait être partiellement dégagé, il était inévitable de remplacer une grande partie des anciens arbres par de nouveaux. Désormais, un arbre à clochettes bleues et des arbres katsura, ainsi que trois vieux platanes, bordent le terrain en direction de la bibliothèque située en contrebas. Du côté de l’église Oswald, les cerisiers typiques de la région de Zoug sont répartis de manière éparse.

L’éclairage du jardin public est un véritable projet pilote. La ville y a mis en œuvre, à titre d’essai, des idées issues de son Plan Lumière. Ce plan-cadre pour l’éclairage public contient des principes directeurs visant à valoriser l’aménagement, à augmenter l’efficacité énergétique et à éviter la pollution lumineuse. La question de l’harmonisation de l’éclairage de l’entrée du parking souterrain était toutefois controversée. Les avis étaient partagés quant à l’intensité lumineuse appropriée pour garantir une entrée et une sortie sûres du garage. Certes, cet éclairage ne faisait pas partie de l’aménagement des environs, mais il était à l’interface du projet du bureau Planetage. En tant que concepteurs supérieurs, ils ont pu travailler à un compromis entre la sécurité et l’esthétique : un éclairage d’entrée légèrement moins puissant.

Les nombreuses conditions techniques à respecter autour du parking souterrain ont rendu la planification nettement plus complexe que le résultat désormais visible ne le laisse supposer. Malgré les nombreux détails invisibles, car cachés sous la surface, l’effort en valait la peine : les nombreux visiteurs en disent long.

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