02.03.2025

Expositions

Le Cavalier bleu – Exposition au Lenbachhaus

Elisabeth Epstein, Autoportrait, 1911, acquis en 2019, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, à la mémoire de Jerome Pustilnik, New York City, © succession de l'artiste

Elisabeth Epstein, Autoportrait, 1911, acquis en 2019, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, à la mémoire de Jerome Pustilnik, New York City, © succession de l'artiste

L’exposition “Turner. Three Horzions” vient de se terminer au Lenbachhaus et le musée attend déjà une nouvelle exposition phare. L’exposition “Der Blaue Reiter – Eine neue Sprache” (Le Cavalier bleu – un nouveau langage) présente des pièces phares de la collection et des œuvres d’artistes du Cavalier bleu rarement exposées jusqu’à présent, issues de la vaste collection de l’établissement.

Alors que la Tate de Londres présente l’exposition “Expressionists. Kandinsky, Münter and the Blue Rider” dans le cadre de la coopération qui a également amené les œuvres de William Turner à Munich, le Lenbachhaus profite de l’occasion pour jeter un nouveau regard sur le Blaue Reiter. Il présente sa collection sous un jour nouveau et expose également des œuvres récemment acquises, comme par exemple l’œuvre “Drei weibliche sitzende Paar” de Moissey Kogan, qui a été persécuté et assassiné par les nazis.

L’exposition “Der Blaue Reiter – Eine Neue Sprache” a été inaugurée le 12 mars 2024 au Lenbachhaus de Munich et a été organisée par Melanie Vietmeier, Nicolas Maniu et Matthias Mühling.

Moissey Kogan, Drei weibliche sitzende Paare, 1910, Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, achat de l'association de soutien Lenbachhaus e. V. 2022. Photo / Photo : Lukas Schramm
Moissey Kogan, Drei weibliche sitzende Paare, 1910, Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, achat de l'association de soutien Lenbachhaus e. V. 2022. Photo / Photo : Lukas Schramm

Une dynamique de groupe se met en place

Les organisateurs de l’exposition “Der Blaue Reiter – Eine neue Sprache” se penchent sur les origines du groupe d’artistes. Il faisait partie des mouvements de la Secession vers 1900 et peut se targuer d’avoir des racines dans l’Art nouveau et l’impressionnisme. Les artistes du Blaue Reiter montraient des intérêts variés, ils s’intéressaient ainsi à l’art populaire, à l’art pour enfants, aux gravures sur bois japonaises, aux tableaux sous verre bavarois mais aussi aux avant-gardes internationales. Les artistes autour de Gabriele Münter, Wassily Kandinsky, Franz Marc, Maria Franck-Marc, August Macke, Alexej von Jawlensky, Marianne von Werefkin, Robert Delaunay et Elisabeth Epstein aspiraient à l’épanouissement artistique. Cela, ainsi que leurs intérêts variés pour les styles artistiques les plus divers, faisaient partie des fondements du Blaue Reiter. Un échange intensif créa une dynamique de groupe qui s’avéra extrêmement productive.

En 1908 et 1909, ils passèrent des séjours de peinture à Murnau, fondèrent la Neue Künstlervereinigung München (NKVM), élaborèrent l’almanach programmatique “Der Blaue Reiter” et exposèrent ensemble. Tout cela avait pour but de créer une identité et de diffuser leurs idées. L’objectif était de développer un nouveau langage artistique, qui ne visait toutefois pas une uniformité des moyens formels. On voulait plutôt exprimer des idées collectives. Le Blaue Reiter voulait rendre visible le vécu subjectif et cherchait des formes d’expression pour le spirituel ou l’intellectuel. Parallèlement, les artistes aspiraient également à un dialogue transnational. Néanmoins, chaque artiste a développé son propre langage formel. Alors que Kandinsky et Marc se sont consacrés à l’abstraction, Jawlensky, Münter et Werefkin ont produit des représentations expressives de l’homme et de la nature.

Wassily Kandinsky, Grande étude pour une peinture murale pour Edwin R. Campbell (été), 1914, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957
Wassily Kandinsky, Grande étude pour une peinture murale pour Edwin R. Campbell (été), 1914, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957
Marianne von Werefkin, Prerowstrom, 1911, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München
Marianne von Werefkin, Prerowstrom, 1911, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München

Nouvelle présentation avec des trésors et des découvertes connus depuis longtemps

Les organisateurs de l’exposition “Der Blaue Reiter – Eine neue Sprache” (Le Cavalier bleu – un nouveau langage) se consacrent particulièrement au développement du nouveau langage du groupe d’artistes. Ils se tournent tout d’abord vers les antécédents du Blaue Reiter. Les visiteurs font la connaissance de l’artiste Art nouveau Katharine Schäffner, qui a travaillé entre autres à Munich au tournant du siècle. Elle anticipa l’abstraction avec ses œuvres imprimées et fut ainsi déterminante pour l’art du Blaue Reiter. Mais les photographies composées de bout en bout que Gabriele Münter a réalisées lors d’un voyage en Amérique constituent également un jalon important. Les curatrices et curateurs s’efforcent également de documenter les répercussions du Blaue Reiter. Des artistes comme Adriaan Korteweg et Paul Klee ont repris des idées du Cavalier bleu et les ont développées dans leurs œuvres. Ces œuvres, en partie moins connues, sont également représentées, tout comme les pièces phares de la collection telles que “Cheval bleu I” de Franz Marc.

Adriaan Korteweg, Aufbruch, 1914, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau Munich
Adriaan Korteweg, Aufbruch, 1914, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau Munich
Katharine Schäffner, Passion (du recueil Eine neue Sprache ?), 1908, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München. Photo / Photo : Lukas Schramm, Lenbachhaus
Katharine Schäffner, Passion (du recueil Eine neue Sprache ?), 1908, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München. Photo / Photo : Lukas Schramm, Lenbachhaus
Gabriele Münter, Femme à l'ombrelle sur les rives du Mississippi, près de St. Louis, 1900 Fondation Gabriele Münter et Johannes-Eichner © VG Bild-Kunst, Bonn 2023
Gabriele Münter, Femme à l'ombrelle sur les rives du Mississippi, près de St. Louis, 1900 Fondation Gabriele Münter et Johannes-Eichner © VG Bild-Kunst, Bonn 2023
Franz Marc, Cheval bleu I, 1911, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, Fondation Bernhard et Elly Koehler 1965, donation de la succession Bernhard Koehler sen., Berlin, acquise par Franz Marc
Franz Marc, Cheval bleu I, 1911, Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München, Fondation Bernhard et Elly Koehler 1965, donation de la succession Bernhard Koehler sen., Berlin, acquise par Franz Marc

Conquête de nouveaux mondes et de nouvelles formes d'art

Les artistes du Blaue Reiter s’inspiraient également de l’art de cultures non familières. Ils pensaient ainsi pouvoir développer un langage pictural authentique. Outre l’art populaire bavarois et russe, des œuvres d’art arabes, ottomanes et japonaises ainsi que l’art des cultures indigènes d’Amérique du Nord ont été utilisées comme sources d’inspiration. L’idée de l’exotisme permettait justement d’échapper à sa propre civilisation. Mais des idées issues du contexte de l’époque, comme un “moindre développement” des peuples prétendument “sauvages”, ont également été reprises. Cet aspect, qui doit bien sûr être considéré de manière critique aujourd’hui, est clairement mis en évidence dans l’exposition et classé selon les critères actuels.

Par ailleurs, le langage ornemental de l’Art nouveau trouve également un écho chez les artistes du Blaue Reiter. L’Art nouveau, caractérisé par des ornements grimpants souvent basés sur des structures végétales, a également été influencé par des mouvements de danse. Ainsi, l’art de la danseuse américaine Loïe Fuller, avec sa danse de serpentine, qui fascinait les gens en 1900, a également inspiré des œuvres d’artistes munichois au tournant du siècle. On peut citer ici l’exemple de l’artiste et danseur Alexander Sacharoff, qui s’est penché sur l’ornement, la danse et le mouvement, et qui a donc également montré la voie.

Vue de l'exposition, Der Blaue Reiter. Un nouveau langage, Lenbachhaus, 2024, photo : Simone Gänsheimer, Lenbachhaus
Vue de l'exposition, Der Blaue Reiter. Un nouveau langage, Lenbachhaus, 2024, photo : Simone Gänsheimer, Lenbachhaus

Une césure difficile

Le début de la Première Guerre mondiale en 1914 a entraîné la fin des mouvements artistiques d’avant-garde. Le Cavalier bleu fut également touché. Marianne von Werefkin, Vassily Kandinsky et Alexej Jawlensky durent quitter le pays en raison de leur nationalité russe et s’exilèrent. Gabriele Münter a également choisi de s’exiler en Suède et au Danemark. August Macke et Franz Marc partirent au front avec un grand enthousiasme au départ, qui se transforma très vite en bouleversement. Les deux artistes sont morts au front, Macke en 1914 et Marc en 1916. Paul Klee, qui faisait partie de l’entourage du Cavalier bleu, a lui aussi dû effectuer son service militaire pour le Reich allemand.

Durant cette période, les artistes, qu’ils soient en exil ou au front, ont à nouveau trouvé de nouveaux langages. Les artistes Gabriele Münter et Elisabeth Epstein ont établi un lien direct entre le Blaue Reiter et la Neue Sachlichkeit. Leurs œuvres tardives respectives doivent également être considérées comme faisant partie de la Nouvelle Objectivité. D’autres artistes comme Maria Franck-Marc et Wassily Kandinsky et Paul Klee se sont retrouvés au Bauhaus à Weimar.

Vue de l'exposition, Der Blaue Reiter. Un nouveau langage, Lenbachhaus, 2024, photo : Simone Gänsheimer, Lenbachhaus
Vue de l'exposition, Der Blaue Reiter. Un nouveau langage, Lenbachhaus, 2024, photo : Simone Gänsheimer, Lenbachhaus
Scroll to Top