21.03.2025

Profession

“La création artistique peut être assez chère”

Mort au droit d'auteur ? Pas tout à fait ! Mais les étudiants de l'Académie de Munich ont saisi l'occasion de la perte du droit d'auteur de Mickey Mouse pour construire et détruire une piñata géante - un commentaire artistique sur le thème "Death of Intellectual Property". Photo : Lilith Jakob.

Marc-Daniel Porr étudie la pédagogie de l’art pour l’enseignement au lycée à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Dans cette interview, il décrit ce qui est important à ses yeux pour enthousiasmer davantage de jeunes pour l’art et ce qu’il changerait dans son cursus.


Restauro : Pourquoi avez-vous choisi d'étudier la pédagogie de l'art plutôt qu'une autre discipline qui traite également de l'art, comme les arts libéraux, l'histoire de l'art ou la restauration ?

Marc-Daniel Porr : De manière générale, je suis tombé dans le domaine d’études de l’art de manière assez inattendue. En fait, j’ai abandonné l’art à la première occasion au lycée, car les cours d’art à l’école ne m’ont jamais vraiment accroché. Mais ce n’était pas tant par manque d’intérêt pour la créativité que par la manière dont les cours étaient organisés. En particulier grâce à mon amour de la musique et de la pratique musicale, le désir de m’épanouir et de m’exprimer artistiquement était déjà un sujet pour moi depuis mon plus jeune âge. Pour commencer quelque chose après le baccalauréat, j’ai commencé par étudier le génie civil à la TUM et j’ai vite remarqué que je n’aimais pas grand-chose, tant dans le contenu que dans le type d’études. Je voulais faire quelque chose de créatif, j’ai donc cherché des filières d’études. Le fait que l’art soit considéré comme une double matière au lycée en Bavière et qu’il ne soit donc pas nécessaire d’étudier une autre matière pour l’enseigner plus tard a été un point décisif. En effet, cela me permet d’une part de me concentrer intensément sur l’art et, d’autre part, d’avoir plus tard la possibilité de changer les choses dans mon enseignement artistique qui me dérangeaient à l’époque.


Restauro : Qu'est-ce qui est important à vos yeux pour intéresser les jeunes à l'art ?

MDP : Ce qui m’a toujours démotivé à l’époque, c’est ma conception erronée de l’art, comme quelque chose qu’il faut simplement savoir faire. Je pense qu’il est important d’encourager avant tout la pensée créative et de ne pas trop se focaliser sur la réalisation dans un premier temps. Pour enthousiasmer les jeunes pour l’art, il faut réussir à toucher directement leurs intérêts et à éveiller leurs émotions individuelles. Pour cela, il est important de s’intéresser à des thèmes qui jouent un rôle important dans l’environnement et la phase actuels de l’individu. Si l’on parvient en outre à susciter une envie d’expérimenter et à surmonter la peur de l’échec, un chemin plein d’espoir s’ouvre devant nous.

Marc-Daniel Porr a obtenu son baccalauréat général en 2021 au lycée Seligenthal de Landshut. Après deux semestres d'études en génie civil à l'université technique, il a rejoint en 2022 l'Académie des Beaux-Arts de la LMU de Munich, où il devrait obtenir son diplôme en pédagogie de l'art en 2027. © AdBK_JK2024

Restauro : Si vous pouviez faire trois vœux, que changeriez-vous dans votre cursus ?

MDP : Ce qui me dérange particulièrement dans les études d’art à l’Académie des beaux-arts, c’est le manque d’accessibilité. C’est un problème que rencontrent souvent l’art et la culture dans un cadre institutionnel, et l’Académie aussi, à bien des égards. Avant d’être acceptée et de faire partie de l’académie, je n’avais jamais vraiment réalisé ce qui m’attendait et comment se déroulaient les études et la création artistique à l’académie. L’accessibilité serait également un sujet concernant les ateliers, car nous avons la chance d’avoir à l’Académie de nombreux ateliers magnifiques, mais pour beaucoup, l’utilisation se heurte au système. On n’a pas une bonne vue d’ensemble des heures d’ouverture et de consultation, surtout pendant les vacances universitaires, et on est souvent intimidé quand on se trouve devant les grandes portes fermées dans les couloirs du sous-sol. A cela s’ajoute, mais c’est aussi un problème qui ne concerne pas seulement les étudiants en art, mais tous les types d’étudiants, le fait que les études coûtent beaucoup d’argent. Dans le domaine de l’art, cela se manifeste par exemple fortement dans les frais de matériel pour le travail personnel, car la création artistique peut être assez chère. Comme je l’ai déjà dit, l’expérimentation et les essais sont pour moi des points essentiels de la création artistique, et si cette envie d’expérimenter est limitée par le manque de ressources, l’art en pâtit également. C’est sur ces aspects qu’il faudrait changer dans mon cursus.


Restauro : L'œuvre d'art sur notre photo de couverture représente une piñata Mickey Mouse, c'est un travail collectif de votre classe à l'Académie des beaux-arts de Munich. Pouvez-vous nous en dire plus ?

MDP : Comme chaque année, pour trouver un thème pour l’exposition annuelle, nous nous sommes réunis en séance plénière et avons cherché des idées. Nous sommes arrivés à la perte du droit d’auteur de la première version de Mickey Mouse et avons réfléchi à la “mort de la propriété intellectuelle”. Que Mickey Mouse a été en quelque sorte libéré par Disney. Et pour célébrer comme il se doit cette libération, nous avons assez vite décidé de suspendre une piñata géante au milieu de la pièce, qui sera également brisée de manière solennelle au cours de l’exposition. La piñata a été construite à partir d’un ballon de 2,5 mètres de diamètre, puis de nombreuses couches de papier journal, par un groupe fixe de comillitons et un certain nombre de bénévoles. Nous l’avons finalement remplie de bonbons, de jouets, de ballons, de guirlandes et autres. Mélangée à la paille répandue sur tout le sol, la piñata a été détruite, ce qui a permis aux petits et aux grands de s’amuser à la chercher. Personnellement, j’ai aussi particulièrement apprécié le fait qu’en tant que classe de pédagogie artistique, nous ayons pu créer un espace accessible à tous grâce à des éléments ludiques comme la paille et la piñata, et que les enfants aient ainsi pu eux aussi beaucoup apprécier.

D’ailleurs, le musée Folkwang rachète une œuvre importante de Kandinsky.

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