02.03.2025

Expositions

Jan van Eyck – Viens dans le tableau !

Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt

Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt

L’exposition de la Gemäldegalerie des Staatlichen Museen zu Berlin “Zoom sur van Eyck” célèbre la vue rapprochée et les nouvelles connaissances acquises grâce aux recherches en technologie de l’art dans l’œuvre de l’artiste flamand Jan van Eyck. La Gemäldegalerie de Berlin réunit ce qui est habituellement exposé séparément : Une installation d’exposition immersive, toutes les peintures originales berlinoises du peintre néerlandais Jan van Eyck (vers 1390/1400-1441) et de son entourage direct ainsi qu’une documentation détaillée sur la restauration. L’énumération de ces trois thèmes peut paraître un peu sèche au premier abord, mais ce que l’on peut voir à la Gemäldegalerie est une formidable association. Car “Zoom sur van Eyck” décline l’approche de l’œuvre du Néerlandais de trois manières très différentes.


Jan van Eyck - "Roi parmi les peintres

Ce peintre, probablement né à Maaseik vers 1390, est considéré comme l’artiste flamand le plus influent de la fin du Moyen-Âge. Il fut responsable d’un nouveau départ dans la peinture européenne et son œuvre peut être considérée comme l’un des points culminants de l’histoire de l’art. La Gemäldegalerie der Staatlichen Museen zu Berlin (galerie de peinture des musées d’État de Berlin) se consacre à quelques-uns de ses tableaux, dont certains font sensation.

Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt
Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt

Sortie du contexte de la collection

On commence par les originaux, les travaux d’atelier et les premières copies. Berlin possède trois tableaux originaux : le “Portrait de Baudouin de Lannoy”, la “Madone à l’église” et le “Portrait d’un homme au chaperon rouge”, ainsi que deux œuvres d’atelier (“Crucifixion du Christ” et un portrait d’homme) et quatre copies de jeunesse d’après Jan van Eyck. La Gemäldegalerie dispose ainsi d’un fonds extrêmement riche de l’œuvre de l’artiste. Le “zoom” doit être compris dans les deux sens. D’une part, la Gemäldegalerie présente ses trésors van Eyck hors du contexte habituel de la collection et, d’autre part, les visiteurs peuvent s’approcher des tableaux plus près que d’habitude. En effet, la co-conservatrice et restauratrice Sandra Stelzig a eu l’idée de mettre à la disposition des visiteurs des loupes avec lesquelles ils peuvent étudier les tableaux.

Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, détail, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt
Jan van Eyck, La Vierge à l'église, vers 1437/40, détail, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt

Les œuvres de Jan van Eyck agrandies à quatre mètres

Mais le point central de l’exposition est sans aucun doute une projection numérique qui se trouve dans le hall de la galerie de peinture. La projection, développée par l’Institut royal du patrimoine artistique (KIK-IRPA) à Bruxelles, offre aux spectateurs un aperçu des coups de pinceau, des rides des yeux, des poils isolés, des perles, des détails de bijoux et des plis des vêtements. L’ensemble mesure quatre mètres de haut et est d’une conception technique extrêmement brillante. Dans l’exposition berlinoise, les spectateurs ont ainsi la possibilité de zoomer sur les détails des tableaux.

Le projet de zoom a été réalisé sur la base de la méthode de documentation développée pour la restauration du retable de Gand. Pour réaliser les 300 photos de détail, des scientifiques et des photographes du KIK-IRPA se sont rendus en l’espace de plusieurs années sur les 20 œuvres originales de Van Eyck et 13 travaux d’atelier afin de les photographier toujours avec le même équipement, le même éclairage et la même technique de prise de vue. Le résultat a été présenté pour la première fois en 2020/21 au BOZAR à Bruxelles – mais sans les peintures originales.

Face à Van Eyck . The Miracle of Detail, Bozar Centre for Fine Arts Brussels, 2020, photo : Philippe De Gobert
Face à Van Eyck . The Miracle of Detail, Bozar Centre for Fine Arts Brussels, 2020, photo : Philippe De Gobert

Un nouvel éclat

Explications du service de restauration. En effet, en préparation du catalogue de fonds sur la peinture néerlandaise et française du 15e siècle, tous les tableaux ont fait l’objet d’un examen artistique depuis 2015 et trois ont été restaurés. Dans le cadre du projet relatif au catalogue, des restaurateurs et des historiens de l’art ont travaillé de manière interdisciplinaire avec un photographe et un biologiste du bois. L’explication de ces travaux et de leurs résultats, que l’on peut maintenant voir dans l’exposition de Berlin, ne représente peut-être rien de particulier pour les restaurateurs. Mais pour le public, cela offre une autre possibilité fascinante de se rapprocher des images et de mieux comprendre le travail des restaurateurs. En effet, de grands panneaux expliquent les méthodes d’examen des tableaux et présentent les résultats. Les images avant et après permettent de voir très clairement ce que les enlèvements de vernis du “Portrait de Baudouin de Lannoy” et du “Portrait d’un homme au chaperon rouge” ont apporté sur le plan esthétique. Au cours de la restauration, des mesures ont également été prises pour protéger les couches picturales. Parallèlement, des repeints ont pu être retirés des œuvres.

Jan van Eyck, Portrait d'un homme au chaperon rouge, vers 1435/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Jörg P. Anders
Jan van Eyck, Portrait d'un homme au chaperon rouge, vers 1435/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Jörg P. Anders
Jan van Eyck, Portrait d'homme au chaperon rouge, état intermédiaire lors de l'enlèvement de l'ancien vernis, vers 1435/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Jörg P. Anders
Jan van Eyck, Portrait d'homme au chaperon rouge, état intermédiaire lors de l'enlèvement de l'ancien vernis, vers 1435/40, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Jörg P. Anders

Un nouveau van Eyck ?

Sandra Stelzig, restauratrice de tableaux, explique à quel point les examens de la technologie de l’art peuvent être décisifs pour l’attribution ou la dépréciation d’un tableau en se basant sur l’examen de la “Crucifixion du Christ”, considérée comme un tableau de l’atelier de Jan van Eyck. Du moins jusqu’à présent. Car après les découvertes de Berlin, cela n’est plus certain. Pas plus que l’affirmation selon laquelle le tableau aurait été peint à l’origine sur bois et transféré plus tard sur toile. En effet, la radiographie montre “des traces de déchirures de la toile et de pliures typiques d’une toile conservée en rouleau”, peut-on lire dans l’exposition. En outre, la réflectographie IR a permis de rendre visibles des dessins réalisés avec un crayon métallique et différents pinceaux fins. C’est typique de la méthode de travail de van Eyck, écrit Sandra Stelzig. Si l’on combine ces deux découvertes, tout porte à croire que l’examen de la technologie artistique doit modifier l’attribution du tableau “Crucifixion”. On aurait ainsi identifié la seule peinture sur toile conservée de Jan van Eyck.


Informations sur l'exposition

L’exposition temporaire, organisée par Stephan Kemperdick (conservateur de la peinture allemande, néerlandaise et française avant 1600) et Sandra Stelzig (restauratrice à la Gemäldegalerie), peut être visitée jusqu’au 3 mars 2024 à la Gemäldegalerie des Staatlichen Museen zu Berlin. Sur son site web, le musée présente en outre les résultats des recherches sur la restauration du portrait de Jan van Eyck “Baudouin de Lannoy” et de son “Portrait d’un homme au chaperon rouge”.

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