02.03.2025

Expositions

Hans Holbein l’Ancien

Une exposition au Schaetzerpalais d'Augsbourg est consacrée à l'artiste Hans Holbein l'Ancien. L'artiste a peint la représentation "Marie caressant l'enfant" en 1496/99, elle se trouve aujourd'hui au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Crédit : KHM-Museumsverband, Kunsthistorisches Museum

Hans Holbein le Jeune est devenu un peintre de la cour anglaise et compte parmi les plus grands portraitistes de la Renaissance. Son père, Holbein l’Ancien (1465-1524), était l’un des peintres les plus importants de sa ville natale, Augsbourg, au tournant du gothique tardif et de la Renaissance.

À l’occasion du 500e anniversaire de sa mort, les collections d’art et les musées lui rendent hommage avec une exposition spéciale au Schaezlerpalais. “Andreas Tacke (Trèves), commissaire invité, offre un aperçu varié de la ville d'”Augsbourg au seuil de la métropole artistique européenne”. Une cinquantaine de peintres y étaient organisés en corporation à l’époque.


Histoire de la ville d'Augsbourg

Grâce à Holbein et à ses collègues, Augsbourg est devenu le centre artistique le plus important au nord des Alpes. Pour des raisons de conservation, une partie des 64 pièces exposées, provenant de nos propres collections ainsi que de prêts de Berlin, Munich, Vienne et de collections privées, n’a jamais ou rarement été présentée jusqu’à présent. Il est étonnant de constater qu’aucun des autels importants que Holbein l’Ancien a traditionnellement créés pour Augsbourg en collaboration avec d’éminents ciseleurs comme Adolf Daucher et des sculpteurs comme Gregor Erhart, ne se trouve plus à sa destination initiale.

Le petit panneau semi-figuratif de “Maria, caressant l’enfant”, réalisé vers 1496/99 par Holbein et conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, fait partie des pièces maîtresses. La mère et l’enfant nous enchantent par leur union intime sur un fond doré à pois serrés, comme on le connaît des anciens Hollandais ou des icônes mariales byzantines. Le “tableau votif de grand format d’Ulrich Schwarz le Jeune avec le Christ et Marie en intercesseur devant Dieu le Père” d’Holbein est d’une dizaine d’années plus jeune, il représente l’aubergiste-marchand de vin avec ses 17 fils, ses 14 filles et ses trois épouses. Il nous familiarise avec une facette dramatique de l’histoire de la ville d’Augsbourg, car le père frauduleux du même nom fut pendu le 18 avril 1478.


de Holbein, mais aussi d'importantes gravures.

Le portrait-dessin du malfaiteur par Holbein est certes exposé à plusieurs reprises, mais uniquement dans des copies ultérieures. Mais les nombreux dessins de Holbein et de ses collègues constituent un point fort important de l’exposition. Six dessins à la plume aquarellés, puissants et riches en personnages, décrivent des scènes du Christ ainsi que la mort de Marie et sont considérés comme une œuvre commune de Holbein l’Ancien et de son frère cadet Sigmund. Ils portent le célèbre monogramme “AD”, qui n’est toutefois pas celui du grand peintre de Nuremberg, mais celui d’un ancien collectionneur, et qui a probablement été apposé comme cachet typique de l’époque. La suite de douze gravures d’Israhel van Meckenem sur la vie de la Vierge d’Holbein l’Ancien montre que les modèles d’Holbein ont également encouragé d’importants graveurs à les imiter.

En 1514, Jörg Breu l’Ancien transforma en peinture à l’huile les “adieux aux apôtres” qu’il avait couchés sur le papier. Nous revenons sur l’essor de l’art du portrait : comment Hans Burgkmair d. Ä. a immortalisé en 1490 l’évêque d’Augsbourg Frédéric II, comte de Zollern/Hohenzollern, en buste dans son habit, avec une expression grave, ou que le “maître des portraits de peintres d’Augsbourg” (anciennement Leonhard Beck) a peint un membre de la famille Ren (Rehm) en 1505 – sans doute en connaissance du célèbre autoportrait de Dürer de 1500, dans un manteau recouvert de fourrure.

L'œuvre de Holbein "Votivbild des Ulrich Schwarz d. J. mit Christus und Maria als Fürbitter vor Gottvater" offre un regard sur l'histoire de la ville d'Augsbourg. Crédit :KMA

Attrait artistique

Mais ce sont surtout les dessins à la main, très vivants, qui séduisent le visiteur par leur qualité et leur abondance : En 1504, Holbein l’Ancien a dessiné au crayon d’argent “deux têtes d’enfants de profil tournées l’une vers l’autre” sur une feuille recouverte d’une couche de fond. Il s’agit probablement des frères Hans Holbein le Jeune et Ambrosius. L'”Etude de Veronika Vetter avec les armoiries de sa famille” en costume de religieuse de 1496, tirée du célèbre “Petit ruban adhésif”, ou le portrait de Johannes VI Schrott, prieur et futur abbé de St. Ulrich et Afra, illustrent également la sensibilité avec laquelle Holbein a saisi les personnes et les caractères les plus divers à l’aide de son crayon, et illustrent toute la gamme d’une échelle d’expression. C’est à juste titre que la charmante figure de dos de “sainte Thècle” est devenue la “mascotte” de l’exposition : étude à la plume de Holbein, en brun sur papier teinté de rouge, tirée du “Petit ruban adhésif” D’ailleurs, les affiches et la couverture du catalogue guident en quelque sorte le spectateur dans l’image : habillée de manière typique de l’époque et moderne dans son effet, elle dégage un charme artistique envoûtant !

L'atelier de Holbein l'Ancien a réalisé la figure de dos de sainte Thècle dans le tableau de la basilique Saint-Paul de 1503/05. Crédit : KMA
L'atelier de Holbein l'Ancien a réalisé la figure de dos de sainte Thècle dans le tableau de la basilique Saint-Paul de 1503/05. Crédit : KMA

Holbein et l'art contemporain

La demi-figure sculptée de Hans Holbein l’Ancien, d’une taille de plus d’un mètre, fait le lien avec le contemporain. Il s’agit d’une sculpture en cuir vivante et naturaliste typique de l’artiste Hella Buchner-Kopper, qui vit à Augsbourg. Buchner-Kopper s’est inspirée du dessin d’étude d’Holbein de Chantilly, qui indique en quelque sorte le chemin au visiteur de l’exposition. Le volume d’accompagnement contient une série d’essais qui pourraient être particulièrement intéressants pour les personnes avides de connaissances : Par exemple sur le “monopole de la corporation”, sur “l’achat de matériaux et la vente de produits”, sur “la taille de l’atelier et les coopérations” de Danica Brenner ; ou “l’atelier d’Augsbourg de Holbein : un chauffe-eau pour les jeunes talents”, “le collectionneur Wilhelm Sattler (1784-1859)”, “Holbein en Alsace. Le retable d’Issenheim de Grünewald” (Andreas Tacke) ainsi que “Modèle d’un album de conservation en quart de pli pour le montage de dessins” (Svenja Brucker e.a.).

L’aîné des Holbein. Augsbourg au seuil de la métropole artistique européenne – Augsbourg, Collections d’art & Musées, Schaezlerpalais, jusqu’au 20.10.2024, Livre d’accompagnement 29,95 Euro

Scroll to Top