01.03.2025

Créer

“Habileté, dévouement et créativité”

pavé de galets verts et jaunes du Rhin

Les nombreuses mosaïques de rue créatives contribuent largement au charme particulier de Fribourg. Lors d’un tour d’exploration, on marche sur des galets du Rhin multicolores, du basalte sombre, mais aussi sur de l’or blanc de Carrare. L’un de ceux qui s’y connaît le mieux dans la technique filigrane de la pose de mosaïques est le maître paveur Dieter Saier. Dans l’interview de STEIN, il nous parle de son travail varié.

STEIN : Monsieur Saier, Fribourg est connue pour ses mosaïques de pavés. Comment cet artisanat est-il arrivé en Brisgau ?

Dieter Saier : On ne sait toujours pas qui a inventé ce type de pavage. On dit que c’est le paveur fribourgeois Alois Krems qui, lors de ses pérégrinations dans le sud de la France vers 1870, a découvert le pavage avec des galets fendus et a créé ici à Fribourg des mosaïques de galets du Rhin. En outre, les galets fendus du Rhin ont été utilisés sur toute la surface des trottoirs, car leur surface plane s’est avérée jusqu’à aujourd’hui très agréable pour les piétons.

Que sont exactement les mosaïques ?

En général, les mosaïques ne sont rien d’autre que des signes pour les artisans ou les villes. Lorsque l’on parle d’armoiries, il s’agit d’illustrations qui doivent être représentées en respectant strictement une certaine héraldique.

Quelles pierres utilisez-vous pour les mosaïques ?

Le galet du Rhin, une spécialité du Rhin supérieur. On utilise également des pierres de mosaïque de petit format en basalte, en granit ou en marbre. Les galets du Rhin sont de forme ovale et possèdent une jolie tête convexe. Ils proviennent des Préalpes suisses, où le Rhin a traversé le lac de Constance pour arriver sur les rives du Rhin de notre région. Leur forme elliptique plate caractéristique et leurs teintes intenses sont dues au frottement dans l’eau. En raison de leur minéralité différente et donc de leur polychromie, ils se prêtent incroyablement bien à la création de mosaïques. Il y a aussi le marbre de Carrare, qui est exotique. On l’utilise même souvent pour marquer les passages piétons.

Cela doit coûter cher ?

Je me pose parfois la question. Mais travailler avec des valeurs vaut aussi la peine, car nous pouvons utiliser les pierres plusieurs fois. Si l’on doit par exemple creuser une zone de circulation, nous pouvons souvent réutiliser une bonne partie des pierres. Ce ne serait pas le cas avec d’autres matériaux. En ce sens, l’investissement est judicieux. La vieille ville était vraiment en ruine après la guerre. Là aussi, de nombreux matériaux de construction ont pu être réutilisés. Aujourd’hui encore, nous possédons des trésors gardés au chantier avec lesquels nous créons, comme les galets du Rhin, les basaltes, les porphyres, les granits et les marbres.

Est-ce que quelque chose a changé par rapport au passé ?

Nous réalisons de plus en plus d’espaces publics accessibles. Et ce avec un œil qui rit et un œil qui pleure. Car nous scions parfois d’étroites bandes de pierres convexes historiques. La nouvelle surface, très plane, se présente bien sûr d’abord très différemment à l’œil. Elle ne semble plus aussi vivante. Mais nous ne négligeons pas la protection du patrimoine.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

La forme, la minéralité, qu’il s’agisse d’une pose en ligne ou en arc, tout cela est conservé. Nous ne modifions que la surface et concluons ainsi un compromis entre l’utilisation et l’aménagement.

Surface élaborée de galets du Rhin multicolores, de marbre blanc et de calcaire jaune : à l'arrière, on voit les grandes armoiries du Land de Bade-Wurtemberg, réservées à certaines autorités. Photo : Tanja Slasten
Les galets colorés du Rhin sont disposés en rangs serrés dans le lit. Une bande décorative blanche en marbre s'étend parallèlement au ruisseau (à droite). Photo : Tanja Slasten
Mais la vieille ville est également traversée par des surfaces à dominante rougeâtre composées de petits pavés en porphyre (à gauche) et de gros pavés en quartzite (à droite). Photo : Tanja Slasten
Le trèfle offre un beau jeu de couleurs, pavé de galets du Rhin verts et jaunes, entouré de pierres de basalte foncées en passées. Photo : Tanja Slasten
Un pfennig reproduit en détail perce la surface de petits pavés en porphyre rouge. Photo : Tanja Slasten

Quelle est la méthode de pose des mosaïques ?

Autrefois, on préférait la méthode de construction non liée pour des raisons esthétiques. Les mosaïques libres étaient posées directement sur la route dans un lit de sable et les joints étaient également remplis de sable. De la mousse se formait alors dans les joints, ce qui s’intégrait très bien dans le paysage. Lorsque les tesselles étaient très petites, de la taille de l’ongle du pouce, on posait les quelque 1.000 tesselles par mosaïque dans du mortier de ciment.

La surface des joints joue donc un rôle important dans les mosaïques ?

Elle est très déterminante. D’une part, la proportion est élevée, d’autre part, les joints forment les véritables lignes et textures. Une mosaïque posée dans du mortier possède, par rapport à un lit de sable, des surfaces de joints plus nues. Elles restent pour ainsi dire grises. Aujourd’hui encore, nous pratiquons également la construction non liée, mais plus rarement. Pour les petites mosaïques, pas très chères. Nous parlons ici d’une ou deux prestations journalières.

Le sable ne s’élimine-t-il pas rapidement en raison des intempéries ou les pierres ne se détachent-elles pas sous l’effet de la circulation ?

Nous n’avons des problèmes que là où la pluie tombe des marquises. Sinon, la pluie solidifie les joints. Et au bout de deux ans, ils se sont encombrés de micro-organismes et de mousses. Mais les balayeuses de la ville posent problème, car elles nous aspirent le sable. C’est pourquoi la ville ne peut balayer ces mosaïques qu’à la main. Si les balayeuses n’existaient pas, nous pourrions, comme nous le souhaitons, en réaliser beaucoup plus en construction non liée. Car c’est visuellement plus beau, plus écologique et bien moins cher. Mais nous savons bien sûr aussi comment les surfaces sont sollicitées par le trafic. Nous avons donc ici un conflit d’objectifs.

Aujourd’hui, on utilise souvent des tuiles ?

C’est vrai, la méthode de construction actuelle, qui consiste à poser des mosaïques dans des bacs, s’est peu à peu imposée. En effet, comme nous l’avons déjà mentionné, il faut de plus en plus souvent défoncer les trottoirs et les rues pour accéder à des canalisations ou autres. Dans ces cas-là, on peut bien sûr retirer les pannes sans dommage et les replacer plus tard. Pour cela, les poêles ont des anses qui sont cachées dans le fond. Car le dernier blason de partenaire a par exemple coûté 12.000 euros.

Des “pochoirs” sont également utilisés à cet effet ?

Oui, les pochoirs sont comme un puzzle en bois ou en plastique. Si l’on a par exemple une fleur en forme de croix avec ses quatre fleurs, le pochoir se compose de quatre pièces. On commence par placer toutes les pièces du puzzle sur toute leur surface dans le lit. Au fur et à mesure, on retire une pièce du puzzle et on remplit la surface avec des pierres. Pour finir, on pave le fond.

Surface élaborée de galets du Rhin multicolores, de marbre blanc et de calcaire jaune : à l'arrière, on voit les grandes armoiries du Land de Bade-Wurtemberg, réservées à certaines autorités. Photo : Tanja Slasten
Les galets colorés du Rhin sont disposés en rangs serrés dans le lit. Une bande décorative blanche en marbre s'étend parallèlement au ruisseau (à droite). Photo : Tanja Slasten
Mais la vieille ville est également traversée par des surfaces à dominante rougeâtre composées de petits pavés en porphyre (à gauche) et de gros pavés en quartzite (à droite). Photo : Tanja Slasten
Le trèfle offre un beau jeu de couleurs, pavé de galets du Rhin verts et jaunes, entouré de pierres de basalte foncées en passées. Photo : Tanja Slasten
Un pfennig reproduit en détail perce la surface de petits pavés en porphyre rouge. Photo : Tanja Slasten

Un regard vers l’avenir : votre métier de paveur va-t-il continuer à exister ?

Tout à fait. Les centres de formation ont des effectifs en hausse. Il y a plutôt un effort de relève. Car avec l’augmentation de l’habitat, nous devrons réaliser de plus en plus de surfaces de desserte. Et donc, l’entretien augmente également. Le métier n’est pas académique. Mais avec un niveau d’études normal, on peut évoluer de manière formidable, devenir technicien, ingénieur, etc. Ce qu’il faut, que l’on soit un homme ou une femme, c’est de l’habileté, du dévouement et de la créativité.

Dans le numéro 08/2018 du magazine STEIN qui vient de paraître aujourd’hui, vous en saurez plus sur le grand projet de construction qui consiste à paver de granit et de basalte le périphérique de la vieille ville de Fribourg, après l’avoir fait pour le centre-ville. Notre auteur STEIN Tanja Slasten décrit ce que signifie “être redevable à l’histoire” et comment le réaménagement sera mis en œuvre.

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