Le jardin des religions a été inauguré à Karlsruhe à l’occasion du 300e anniversaire de la ville. Parmi 400 propositions, il s’est imposé comme l’un des 15 projets dans le cadre d’un concours d’idées organisé par le marketing de la ville.
L’architecture paysagère comme déclaration sociopolitique
L’idée du jardin des religions vient de Karlsruhe, de personnes engagées dans le dialogue interreligieux qui se sont réunies en un groupe de travail ‘Ein Garten der Religionen für Karlsruhe’. En collaboration avec eux, le bureau d’architectes paysagistes Helleckes a développé le plan du jardin et l’a réalisé avec le soutien du service d’horticulture.
L’objectif était de créer un lieu d’information et de communication informelle sur la religion, qui s’adresse également aux personnes sans appartenance religieuse. Le jardin devait ainsi offrir dans l’espace public un accès à la rencontre avec l’autre dans l’ouverture et le respect et permettre de se demander, dans un lieu de calme et de paix, ce que signifie la religion pour moi ?
Le long processus de développement du projet avec le groupe interreligieux grandissant, mais aussi le dialogue intensif avec le public et la politique, montre de manière exemplaire, avec le “jardin des religions”, le rôle positif que peut jouer l’architecture paysagère orientée vers les processus dans le débat sociopolitique.
Permettre le rapprochement et l’identification
Le résultat de la recherche d’idées orientée vers le processus est mis en œuvre dans l’architecture paysagère par le biais des éléments spatiaux que sont le cercle de l’humanité, les cercles des religions du monde, le cercle de la communauté et le réseau de chemins qui les relie. Le cercle de l’humanité, d’un diamètre d’environ 40 mètres, est le symbole de la perfection pour la communauté de tous les hommes.
Le fait de parcourir le chemin qui l’entoure permet au visiteur de saisir la dimension du jardin et ouvre une première approche de la thématique. Le mur qui l’accompagne porte des inscriptions avec des phrases clés des différentes visions du monde et invite à s’asseoir et à contempler.
À l’intérieur, les cinq religions du monde – le judaïsme, le christianisme, l’islam, l’hindouisme et le bouddhisme – sont intégrées dans un champ de lavande sous forme de petits cercles de sièges. Ils sont entourés de parois en acier à mi-hauteur, sur lesquelles sont gravées au laser des citations de chaque religion. D’autres panneaux représentent des communautés religieuses qui participent au projet et qui ne se rattachent à aucune des cinq religions du monde.
Un sixième cercle avec un bosquet de pommiers décoratifs est légèrement encastré dans le terrain comme lieu commun. Tous les visiteurs peuvent s’y retrouver au cœur du jardin pour de petites manifestations. “Se promener dans le jardin, c’est chercher le dialogue”. Des chemins en béton balayé forment un réseau étroit et relient tous les éléments entre eux sur un pied d’égalité. Ils permettent d’aller à la rencontre les uns des autres et rendent la simultanéité des religions physiquement perceptible.
Le jardin comme repère dans le contexte spatial
Le jardin des religions est situé au milieu du vaste espace vert du Citypark Südstadt-Ost. La zone urbaine est actuellement en pleine mutation, passant d’une zone commerciale à un quartier urbain à usage mixte et à dominante résidentielle. Dans ce contexte de structures urbaines encore hétérogènes, l’espace libre circulaire constitue un nouveau point de repère. En raison de sa force de liaison spatiale, le lieu est déjà bien accepté par ses voisins et peut contribuer à renforcer à l’avenir la création d’adresses dans le nouveau quartier.
Maître d’ouvrage : Ville de Karlsruhe
Architectes paysagistes : Helleckes Landschaftsarchitektur, Karlsruhe
Réalisation : 2007 à 2014