11.04.2025

Événement

DEUX CÔTÉS DE LA FRONTIÈRE


"Ils partagent plus que ce qui les divise"

L’exposition “Two Sides of the Border” a ouvert ses portes le 15 mars 2019 au forum d’architecture AEDES à Berlin. L’exposition présente les résultats de recherche et les projets d’une initiative académique. En 2018, l’architecte mexicaine Tatiana Bilbao a lancé cette initiative. Tous les travaux exposés se concentrent sur la question de savoir comment repenser la région située à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.

C’est justement à l’ère du numérique et de la mondialisation que le mur semble être de plus en plus actuel en tant qu’instrument d’exclusion. Si actuel qu’il ne s’arrête pas à la dernière Biennale d’architecture de Venise. À l’instar du pavillon allemand “Unbuilding Walls” ou du pavillon américain “Dimensions of Citizenship”, cette exposition s’interroge sur le comportement moderne des frontières. La frontière entre le Mexique et les États-Unis s’étend sur 3144 kilomètres au total. Cela correspond à peu près à la distance entre Paris et la mer Noire en Bulgarie. En raison de l’intensité des liens économiques et familiaux entre les deux pays, la frontière est l’une de celles qui sont le plus souvent traversées dans le monde. En un mois seulement, des marchandises d’une valeur de 41,5 milliards de dollars américains sont échangées. L’architecte américain Nile Greenberg (commissaire et concepteur de l’exposition) décrit comment la région frontalière est marquée par une forte relation historique, économique et écologique : “They share more than what divides them”. L’exposition “Two Sides of the Border” s’inscrit dans ce contexte. Elle considère la région frontalière comme une entité qui doit être redéfinie.

“Et si nous ne considérions plus les États-Unis et le Mexique comme deux États séparés” ?

L’exposition “Two Sides of the Border” aborde le sujet sous la forme d’un atlas. L’atlas présente trois perspectives : une perspective projective, une perspective objective et une perspective subjective.

L’atlas projectif présente, à l’aide de dessins, d’images et de maquettes, des projets architecturaux et urbanistiques interdisciplinaires de treize facultés d’architecture du Mexique et des États-Unis.
et des États-Unis. Tous les travaux considèrent la région moins comme deux États séparés que comme un espace commun. De manière très différente, les étudiants abordent des thèmes transfrontaliers tels que la migration, le logement et les ressources naturelles dans la région frontalière.

La politique frontalière 'Extrastatecraft' et le long chemin de la migration. © Hallie Black

L’atlas objectif présente de nouvelles cartes géographiques de l’architecte suisse Thomas Paturet. Pour Paturet, le média carte a le pouvoir de dissoudre les frontières en Amérique du Nord en mettant l’accent sur d’autres relations et points communs spatio-géographiques. Si l’on observe par exemple des cartes de végétation ou d’infrastructure, on ne peut que deviner la frontière proprement dite. Des cartes historiques des quatre cents dernières années sont également présentées. Celles-ci mettent en évidence les nombreux déplacements de frontières dans la région, qui rendent en même temps difficile une représentation collective de la frontière.

La troisième partie de l’atlas, subjective, est constituée d’un essai photographique du photographe néerlandais Iwan Baan. Baan raconte de manière impressionnante les modifications du paysage, les infrastructures à grande échelle et les architectures frontalières. Les photographies montrent entre autres des clôtures en acier qui coupent en deux une plage idyllique ou le centre de détention temporaire controversé de Tornillo au Texas, où sont hébergés des milliers d’enfants immigrés.

Les 'Remittance Houses' sont construites au Mexique par des ouvriers qui travaillent comme salariés aux Etats-Unis. Acambaro, Guanajuato. © Iwan Baan

Une exposition qui donne du courage.

“Two Sides of the Border” parvient à faire en sorte que les trois perspectives choisies ne fonctionnent pas seulement côte à côte. Comme si cela allait de soi, elles se complètent et se renforcent mutuellement. Les contributions sont critiques, analytiques, utopiques, oppositionnelles et esthétiquement attrayantes. L’exposition aborde un thème oppressant, plein de potentiel et d’idées intelligentes, et cela donne du courage.

L’exposition “Two Sides of the Border” est à voir jusqu’au 25 avril 2019 au forum d’architecture AEDES à Berlin.

Scroll to Top