02.04.2025

Événement

COP27 – Résultat et percée

La COP27 en novembre 2022. Source de l'image : UNFCCC via Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

La COP27 en novembre 2022. Source de l'image : UNFCCC via Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

Après une prolongation, la conférence mondiale sur le climat COP27 s’est terminée le 20 novembre au matin à Sharm El-Sheikh. Il y a eu une grande percée, mais le résultat global est plutôt décevant. Lisez ici tout ce qu’il faut savoir sur la COP.

L’accord climatique de Charm El-Cheikh

Il est désormais courant que les conférences sur le climat se terminent par des heures supplémentaires. Cette année encore, les négociations souvent âpres et complexes ont pris un peu plus de temps que prévu. Au matin du 20 novembre 2022, l’accord climatique attendu a été adopté par près de 200 pays.

La percée de la Cop27

Les attentes vis-à-vis de la COP27 n’étaient pas très élevées, même si les enjeux étaient particulièrement importants en raison des conséquences du changement climatique ainsi que de l’inflation et de la guerre en Ukraine en 2022. Malgré de longs doutes, une percée a été réalisée : le soutien aux victimes du changement climatique a été officiellement décidé. Ces prestations financières destinées à réparer les dommages climatiques sont connues sous le nom de “loss and damage”. Les inondations dévastatrices au Pakistan sont le meilleur exemple de la nécessité de tels moyens financiers. C’est là que la justice climatique s’impose : ceux qui sont les plus responsables des conséquences drastiques du changement climatique ont l’obligation de verser des compensations aux pays souvent peu émetteurs et fortement touchés.

Après une longue lutte et beaucoup de pression de la part du groupe G77, dont font partie plus de 130 pays pauvres, un accord a été trouvé. L’UE a joué un rôle moteur dans ce processus. Elle a toutefois exigé que la charge financière du fonds pour les dommages climatiques ne repose pas uniquement sur les pays riches. Les détails sur qui doit payer et combien doivent être décidés d’ici la COP28 en 2023.

Par ailleurs, vous trouverez ici notre article sur les attentes de la COP27.

Combustibles fossiles

Lors de la COP26 l’année dernière à Glasgow, il a été question, entre autres, des combustibles fossiles et notamment du charbon. Pour la première fois, il a été possible d’inclure la réduction de la dépendance au charbon dans un accord international sur le climat. Cette année, il y avait un projet qui demandait l’élimination progressive de tous les types de combustibles fossiles. Cette proposition a toutefois été rejetée.

Et ce n’est pas tout : les représentants des grandes compagnies pétrolières et gazières étaient présents en grand nombre à la COP27. L’espace d’exposition était en partie dominé par des entreprises dont les objectifs étaient exactement à l’opposé du contenu des négociations de la COP27. Les hôtes égyptiens ont même négocié de nouveaux contrats gaziers pendant la conférence.

En conséquence, le document final souligne certes que les énergies renouvelables doivent être encouragées, mais il contient également des références aux “énergies à faibles émissions”. Cela fait référence, par exemple, au gaz qui, en tant que combustible fossile, produit moins d’émissions que le charbon. De plus, ce terme vague offre également des échappatoires à l’utilisation d’autres combustibles fossiles, dont les émissions peuvent être compensées par des mécanismes de capture et de stockage du CO2.

Activisme environnemental pendant la COP27. Source de l'image : UNFCCC via Flickr, CC BY-NC-SA 2.0
ONG environnementales à la COP27. Source de l'image : UNFCCC via Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

1,5 degré à la COP27

Le fameux objectif de l’accord de Paris sur le climat de 2015, à savoir limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré, figure également dans la déclaration finale de la COP27 à Charm El-Cheikh. Le texte réitère les indications du Pacte de Glasgow de 2021 visant à limiter le réchauffement de la planète. Toutefois, l’accord ne va pas plus loin que “The 1.5C target requires rapid, deep and sustained reductions in global greenhouse gas emissions reducing global net greenhouse gas emissions by 43% by 2030 relative to the 2019 level”.

L’année dernière à Glasgow, il a été décidé d’aborder les mesures de protection du climat dans un programme d’atténuation beaucoup plus ambitieux. Là encore, de nombreux pays riches ont refusé de prendre des engagements. Ils ont insisté pour que les mesures de protection du climat soient optionnelles et adaptées à leur situation nationale. Les discussions se poursuivront chaque année jusqu’en 2026.

Financement

La première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a prononcé un discours impressionnant à Sharm El-Sheikh. Elle y a évoqué la perte de vies humaines, de moyens de subsistance et de dignité. Elle a notamment proposé le “Bridgetown Agenda” pour enfin progresser dans le financement d’investissements verts et résilients. Cet agenda propose de réformer le système de financement international. En effet , selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, 4 000 milliards de dollars américains seront nécessaires chaque année d’ici 2030. C’est la seule façon de réussir à investir suffisamment dans les énergies renouvelables d’ici 2030 pour atteindre le zéro net d’ici 2050.

Les banques de développement internationales comme la Banque mondiale sont ici sollicitées pour augmenter le financement climatique et le rendre plus facilement accessible. C’est ce qui a été recommandé lors du sommet du G20 qui s’est tenu en même temps que la conférence, où l’Allemagne et les États-Unis, entre autres, ont soutenu une réforme de la Banque mondiale. La proposition n’a toutefois pas été reprise dans la déclaration finale de la COP27. Elle devrait être discutée plus en détail au printemps lors de réunions du FMI et de la Banque mondiale.

Avant la COP, c’est après la COP

La prochaine COP aura lieu fin 2023 à Dubaï, dans les Émirats arabes unis. C’est au plus tard à ce moment-là que les pays devront présenter leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) ajustées. L’UE a en outre promis de développer d’ici là des détails sur le bouclier financier prévu pour les dommages climatiques et de publier un chiffre précis sur les fonds disponibles. Sous la direction d’un pays dont l’économie repose à 30 % sur le pétrole, il ne faut pas s’attendre à un abandon officiel des combustibles fossiles lors de la COP de 2023.

La déception est grande autour de la COP27. Mais en même temps, on prend de plus en plus conscience que la politique climatique se joue aussi sur de nombreuses autres scènes. La société civile suit chaque année de plus près la conférence sur le climat et exige entre-temps des gouvernements qu’ils tiennent leurs promesses.

Malgré les nombreuses nouvelles négatives, il reste une lueur d’espoir : il y a dix ans, le monde était encore sur la voie d’un réchauffement global de 6 degrés. Il y a environ cinq ans, il était de 3 degrés. Actuellement, il faut s’attendre à un réchauffement de 2,4 à 1,8 degrés. C’est certes encore bien plus que 1,5 degré, mais la rétrospective montre aussi ce qui est possible. Il s’agit maintenant de démontrer par l’action à quoi ressemble la mise en œuvre des conférences sur le climat.

A propos de la COP28 à Dubaï : lors de la COP27 en Egypte, Stefano Boeri a présenté le dernier projet en date. Ce premier prototype pour la région MENA aborde-t-il la planification urbaine durable ? C’est discutable. Plus d’informations chez nos collègues* de Baumeister : Dubai Vertical Forest.

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