B : Votre bureau construit dans toute l’Europe. L’Allemagne, par exemple, manque-t-elle de bons exemples d’architecture solaire réussie ?
N A : La situation s’améliore, car les règlements de construction des Länder imposent désormais le PV pour la plupart des nouveaux bâtiments, ce qui fait que cette question est désormais à l’ordre du jour pour les grands projets de construction.
Jusqu’à présent, les obstacles bureaucratiques à la construction et à l’exploitation du BIPV, notamment pour les grands projets, ont constitué un obstacle. Mais nous voyons ici une évolution positive à moyen terme. Dans l’un de nos projets à Hambourg, la question de la gestion ultérieure des installations photovoltaïques a été un gros frein. Cela concerne surtout les problèmes fiscaux pendant la location.
Pour les maîtres d’ouvrage, le thème du PV devient alors rapidement peu attractif si l’exploitation est liée à des dépenses trop élevées. Il existe désormais des entreprises spécialisées dans ce domaine qui proposent aux maîtres d’ouvrage de prendre en charge cette partie pour eux et d’exploiter le BIPV séparément. Ce cas montre à lui seul l’ampleur de la bureaucratie qui se cache derrière les installations PV en Allemagne. Un autre obstacle bureaucratique en Allemagne est l’homologation des modules PV en façade. Dans le cas des immeubles en centre-ville, par exemple notre projet pour la Berlin Hyp à Berlin, cela représente un lieu d’utilisation judicieux pour le PV en raison de la faible surface de toiture disponible, qui est en outre en concurrence avec des exigences de biodiversité, des utilisations techniques et autres.
En Allemagne, chaque élément de construction doit être homologué. Pour les panneaux BIPV, il n’existe pas d’autorisation générale pour le PV en façade, notamment dans le domaine de la directive sur les immeubles de grande hauteur. Cela signifie que pour chaque installation de façade, une homologation est nécessaire au cas par cas. Ces homologations sont coûteuses et prennent du temps. Cela rend le système peu attractif pour la plupart des entreprises, les sociétés PV internationales reculent et ne font pas d’offres, cela n’est tout simplement pas rentable.
Le marché allemand du PV en façade s’en trouve amoindri. Les entreprises préfèrent alors enchérir sur des projets en dehors de l’Allemagne, car dans d’autres pays de l’UE, le processus est nettement plus simple et moins bureaucratique.
B : Est-ce que vous construisez aussi ici, à Munich ?
N A : Nous avons rencontré des obstacles similaires pour nos projets à Munich. Ici aussi, nous ne pouvions pas installer d’installations photovoltaïques conventionnelles en raison de la végétalisation du toit. Dans ce cas, nous avons proposé comme solution d’entourer les zones techniques de PV sur le toit. Les panneaux photovoltaïques verticaux sont considérés comme des éléments de façade, et on se retrouve donc dans le même cas que pour le projet de Berlin : une autorisation est nécessaire.
Le thème du BIPV semble encore être un marché de niche en Allemagne. La demande augmente peu à peu, mais il n’y a pas encore beaucoup de fabricants allemands. Même sur le thème de l’amortissement des installations, le compte n’y est pas toujours, surtout lorsque l’installation de modules PV s’accompagne d’une sous-construction coûteuse.
Les questions ont été posées par Sabine Schneider.
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