Un habitat contemporain à Ludwigsburg
Les parcs du château résidentiel de Ludwigsburg sont un but d’excursion très apprécié des habitants de la ville. Depuis toujours, les promeneurs s’y rendent par beau temps. Mais en ce printemps, ceux qui quittent le centre-ville et traversent la très fréquentée Schlossstrasse à l’entrée de l’espace vert ne manqueront pas de s’étonner : Sur l’îlot qui divise ici la chaussée en deux, une tôle ondulée noire s’élève et protège une partie de ce lieu inhospitalier du regard des passants. Est-ce une clôture de chantier ? Une installation technique ? Un conteneur déposé ? Non, c’est une petite maison qui a remporté le concours “Pionniers de l’espace” organisé par la ville de Ludwigsburg et le Ludwigsburg Museum.
L’objectif de ce concours était de stimuler le développement de nouvelles formes d’habitat adaptées aux défis spécifiques d’une ville de plus en plus densifiée. Ce n’est pas un hasard si c’est justement à Ludwigsburg que l’on réfléchit au thème de la “construction contemporaine” : conçu comme une ville idéale baroque, le centre historique de Ludwigsburg reflète lui-même une vision claire de l’organisation moderne, efficace et agréable des quartiers d’habitation et des bâtiments. Sauf que cette vision est vieille de 300 ans. A l’occasion de l’anniversaire de la fondation de la ville par le souverain du Wurtemberg Eberhard Ludwig, rien n’était donc plus naturel que de se poser la question de la meilleure utilisation possible de l’espace urbain pour le présent.
Pour stimuler cela, la municipalité et la direction du musée de Ludwigsburg ont lancé un concours qui a confronté les artistes et les architectes participants à un problème urbain standard de notre époque : le manque de place. La tâche consistait à concevoir une micro-maison temporaire qui réunisse toutes les fonctions d’habitation de base dans un espace restreint – et qui puisse en même temps isoler l’espace de vie de son occupant d’un environnement urbain bruyant, agité et animé. Ce dernier point était le défi le plus évident pour le terrain à bâtir attribué – l’espace vert entre deux voies de circulation. Il s’agit d’une concession à un scénario d’urbanisme futur dans lequel, avec la pression démographique croissante dans les villes, non seulement la surface habitable de chaque individu, mais aussi la distance entre les différentes unités d’habitation doivent être calculées de plus en plus petites. La création d’espaces privés sera ici l’une des tâches les plus importantes – et les plus difficiles – auxquelles les architectes devront faire face.
Type de construction : maison à cour
Le projet gagnant du jeune bureau Kaiser Shen de Stuttgart a résolu le problème en recourant à un type de construction devenu rare : la maison à cour. Un espace intérieur relativement petit s’ouvre ici sur une cour généreuse, elle-même hermétiquement isolée du contexte urbain par de hauts murs. Dans la situation actuelle, ce type de construction a surtout servi à empêcher le bruit de la rue de pénétrer dans les murs : D’une hauteur d’environ 3 mètres et recouverts de tôle ondulée, les panneaux de bois qui entourent la cour sur trois côtés constituent une protection acoustique efficace. Une fontaine, dont le clapotis à l’extérieur crée un environnement sonore agréable, assure une qualité de séjour supplémentaire. Un arbre élancé, planté au-dessus d’une petite pelouse, offre de l’ombre.
Le luxe de cet espace naturel au centre-ville se paie par une réduction drastique de l’espace habitable : La surface utile couverte n’est que de 7,3 mètres carrés. Tout ce qui fait partie de l’équipement d’une unité d’habitation est donc réuni dans un espace restreint : cuisine, armoires, douche et toilettes. Une table ainsi qu’une couchette peuvent être déployées en un tour de main à partir du revêtement en bois homogène de l’espace intérieur.
Confort d’habitation dans un espace restreint
Le fait que la maison à cour offre un confort d’habitation étonnant malgré l’exiguïté de l’intérieur est attesté par les personnes qui ont pu y vivre quelques semaines depuis l’ouverture du projet le 11 mars. L’un d’entre eux est Ben Stojanik, un étudiant en architecture de 21 ans. “Cette maison exige une certaine modestie”, reconnaît-il dans une interview à la SWR. Mais le grand espace extérieur protégé et le design intelligent à l’intérieur peuvent compenser cela : “L’atmosphère est accueillante. S’il y avait quelque chose de semblable dans les grandes villes, je pourrais en tout cas m’imaginer vivre ici à plus long terme”.
Cela devrait réjouir les architectes : “La micro-cour doit faire réfléchir sur l’utilisation de l’espace dans nos villes”, explique Florian Kaiser de l’atelier Kaiser Shen. “Notre objectif était de montrer qu’il est possible de vivre sur de petites surfaces avec un grand confort”. Au vu de l’écho positif parmi les visiteurs et les habitants, on peut résumer la situation : Ils y sont parvenus.
L’exposition “hin und weg. Wohn- und Lebensräume in Ludwigsburg”, dans le cadre de laquelle s’est déroulé le concours d’architecture “Raumpioniere”, est encore visible jusqu’au 16 septembre au Ludwigsburg Museum.