16.04.2025

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Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Avec le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne et la Tanzhaus de Zurich, le bureau espagnol Barozzi Veiga a achevé deux nouveaux bâtiments. Cela porte à trois le nombre de projets prestigieux réalisés en Suisse par ce bureau basé à Barcelone. Nous présentons ici le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.

Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, conçu par Barozzi Veiga, photo : Simon Menges
Le nouveau musée remplace un hangar à locomotives situé juste à côté de la gare centrale. Photo : Simon Menges
La nef centrale de la remise à locomotives a été conservée et intégrée dans le nouveau bâtiment. Photo : Simon Menges

Prendre de la hauteur

Le long de la ligne de chemin de fer de Lausanne se trouvait il y a quelques années une imposante remise à locomotives, avec une nef centrale surélevée, à laquelle étaient rattachées deux ailes latérales avec des toits en sheds. Des photos aériennes montraient un bâtiment majestueux, mais il n’était pas en bon état et n’était pratiquement plus utilisé. C’est pourquoi la ville de Lausanne a décidé de démolir le hangar à locomotives situé à côté de la gare centrale et de profiter de l’aubaine pour réaliser un projet culturel ambitieux. En 2011, le concours international pour le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) a été lancé, auquel ont participé les architectes internationaux Nieto Sobejano, Kengo Kuma, Caruso St John, Bernard Tschumi, Souto de Moura ainsi que les Suisses EM2N et Gigon + Guyer. C’est l’équipe de Barozzi Veiga, basée à Barcelone, qui a remporté le marché. Pour l’Italien Fabrizio Barozzi et le Galicien Alberto Veiga, il s’agit déjà du troisième coup d’éclat suisse en peu de temps, après l’extension du musée d’art des Grisons à Coire et la maison de la danse de Zurich.

Mais à Lausanne, ville olympique, on ne veut pas se contenter d’un musée d’art contemporain pour le canton de Vaud. Bernard Fibicher, directeur du nouveau Musée cantonal, a annoncé avec assurance que l’on voulait viser plus haut et égaler les centres d’art internationaux. C’est pourquoi deux nouvelles institutions culturelles devraient s’ajouter dès l’année prochaine sur le site ferroviaire libéré de la Plateforme 10 : le Musée de l’Elysée (musée de la photographie) et le MUDAC (musée du design et des arts appliqués), qui seront tous deux regroupés dans un même bâtiment. Actuellement, les Portugais d’Aires Mateus construisent le nouveau bâtiment du musée à la tête du site, dont les larges fentes de la façade régulent non seulement l’apport de lumière mais aussi le flux des visiteurs.

Référence au passé

Fabrizio Barozzi et Alberto Veiga n’ont pas voulu – contrairement à Aires Mateus – effacer tout souvenir de la vocation initiale du lieu. La partie de la nef centrale orientée vers le sud et dotée de fenêtres en plein cintre a pu être sauvée et intégrée dans le foyer du musée. Pour le nouveau bâtiment du musée, c’est une aubaine, car c’est dans le foyer – qui régit au rez-de-chaussée l’accès à la librairie, au restaurant, à l’auditorium, à un “espace projet” expérimental et à un “espace dossier” lié aux collections – que l’on ressent encore le mieux le charme industriel du bâtiment précédent. Contrairement à la plupart des autres projets du concours, Barozzi Veiga n’a pas misé sur une proximité formelle avec la remise des locomotives, mais uniquement sur des références symboliques et émotionnelles.

L'escalier latéral mène à l'une des grandes fenêtres et peut être utilisé comme amphithéâtre temporaire. Photo : Simon Menges
Le foyer avec l'imposant escalier qui mène à la fenêtre en arc de cercle de l'existant. Photo : Simon Menges
Le foyer avec l'imposant escalier qui mène à la fenêtre en arc de cercle de l'existant. Photo : Simon Menges

Contrairement à Aires Mateus, les architectes n’ont pas opté pour un corps de bâtiment clair et léger, presque flottant, mais pour une barre massive revêtue de briques claires, parallèle à la voie ferrée et qui, au sud, protège des bruits gênants du trafic ferroviaire comme un mur antibruit. La décision de structurer la façade de 145 mètres de long avec des pilastres verticaux était inhabituelle. Elles doivent certes protéger les salles d’exposition de la lumière directe du soleil, mais elles donnent aussi à la barre du musée un rythme qui atténue nettement sa monumentalité. Cela rappelle fortement le Museo Nacional de Arte Romano de Rafael Moneo dans l’ancienne Mérida romaine, qui a marqué le paysage muséal espagnol moderne dans les années 1980 comme aucun autre bâtiment culturel. Quelques autres traces du passé industriel ont également été laissées, comme les voies ferrées sur l’esplanade située au nord, auxquelles le quartier des musées Plateforme 10 en cours de construction fait fortement référence. Barozzi Veiga a conçu le foyer et les espaces de service du rez-de-chaussée comme un prolongement de l’espace public et a installé de grandes baies vitrées, ce qui donne à la façade massive un aspect poreux lorsqu’elle est éclairée la nuit. Dans l’esprit du bâtiment précédent, des toits en sheds ont également été installés sur le toit du musée, tandis que la formation du plafond, divisée en rectangles lumineux, réfléchit la lumière du soleil arrivant du nord dans de grands entonnoirs et la distribue dans les salles d’exposition comme une source de lumière diffuse.

Les architectes ont résolu l’accès aux salles d’exposition temporaire et permanente de manière si intelligente que chaque visiteur devrait considérer cela comme absolument évident. Les accès au fonds de la collection, d’une surface de 1 700 mètres carrés, et aux expositions temporaires, d’une surface de 1 300 mètres carrés, situés aux deux étages supérieurs, ont été séparés physiquement, car seule la vaste collection d’œuvres de Félix Vallotton, Maurice Denise, Ferdinand Hodler, Jean Dubuffet, Balthus jusqu’à Rebecca Horn et Thomas Hirschhorn est librement accessible. Sur les deux étages supérieurs, elle est toutefois réunie horizontalement avec les espaces de l’exposition temporaire. (…)

Vous trouverez l’article sur le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne ainsi que sur la Tanzhaus de Zurich dans notre dernier numéro de Baumeister 02/2019.

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